[France] Les frères Traoré condamnés, les bourreaux toujours en liberté

Par Julien CLamence (AL Bruxelles)

15123267_1028582453936427_2339433121174115775_oLa nausée… c’est tout ce que peut inspirer la condamnation de Bagui et de Youssouf Traoré le 14 décembre. Deux frères dont le seul crime est de refuser de courber l’échine. Qui se battent pour la vérité sur l’assassinat de leur frère. C’est la nature de classe et raciste de l’État français que révèle ce scandale policier et judiciaire.

Une nouvelle condamnation inique s’ajoute à la longue liste de la répression des victimes de violence policière orchestrée par l’État et la justice française. Bagui et Youssouf Traoré ont été condamnés mercredi 14 décembre, le premier à huit mois de prison ferme et l’interdiction de se rendre à Beaumont-sur-Oise pendant deux ans, où habite sa famille pourtant, le second à une peine de prison avec sursis. Ils devront qui plus est dédommager les policiers « victimes ».

Ce procès et son résultat sont un exemple de l’esprit de classe qui règne dans la justice française : incarcération immédiate, enquête bâclée, doute balayé à l’audience… Ceux qui s’opposent aux crimes policiers n’ont pas en France les mêmes droits que les riches fraudeurs, les évadés fiscaux et les corrompus. Ils n’ont pas les mêmes droits que les policiers qui éborgnent, tabassent ou assassinent un jeune homme pendant sa garde à vue ou dans un pré à Sivens.

Le seul tort des frères Traoré est d’avoir demandé la justice et la vérité sur le décès de leur frère Adama, mort d’une interpellation policière. Ajoutant à l’horreur le mépris, les autorités d’État avaient ouvertement menti sur les circonstances de sa disparition et continuent de protéger les coupables. L’arrestation des frères Traoré est une arrestation politique, pour intimider le mouvement qui dénonce les exactions et l’impunité policières.

La France assume de plus en plus son autoritarisme liberticide : les frères Traoré doivent servir d’exemple, comme les syndicalistes de Goodyear, comme les militants assignés à résidence… L’ordre social, basé sur une répression permanente, raciste, violente et antisociale doit être préservé contre ceux qui se défendent, qui refusent, rejettent, se rebiffent.

Nous sommes aux côtés des frères Traoré, et de tous les autres victimes de l’appareil de répression étatique. Nous sommes aux côtés de tout ceux qui réclament la justice et auxquels les juges offrent la prison. Nous sommes aux côtés de ceux qu’on éloigne de leurs familles, pour la déforcée dans un moment de deuil.

Contre la justice inégale, nous devons lutter ! Apporter à ceux qu’on matraque, qu’on gaze, qu’on enferme, qu’on fait taire, qu’on assigne, qu’on exile, toute l’aide qu’ils peuvent réclamer. Et ne jamais oublier que ce système monstrueux n’existe que pour protéger la tranquillité des puissants et de leurs molosses, que l’abolition de ce système, de l’État et du capitalisme est la seule forme de justice véritable que les êtres humains peuvent attendre.

Pour la famille Traoré, continuons le combat !

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A lire : « Allions nos forces », entretien dans la revue Ballast avec Assa Traoré, sœur d’Adama, de Bagui et d’Youssouf. Depuis le 19 juillet 2016, avec sa famille et de nombreux soutiens anonymes, militants et artistes, elle lutte pour la justice et la vérité, et dénonce le système de ces « bavures » qui, en France, ont tué 445 personnes depuis 50 ans.

AL, Le Mensuel, Janvier 2017

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