Sandra Iriarte (CGT espagnole) : « 2018 est marqué par le retour des mobilisations de masse »

Propos recueillis et traduits par Jérémie (AL Gard)

La CGT espagnole, avec ses 80 000 adhérent.es, constitue le seul exemple, au niveau international, d’organisation de masse se réclamant du communisme libertaire. La centrale anarcho-syndicaliste, avec laquelle AL entretient depuis longtemps des liens privilégiés, a tenu son congrès confédéral au mois de février à Valence. Nous nous sommes entretenus avec Sandra Iriarte, 39 ans, nouvelle secrétaire aux relations internationales de la confédération.

Alternative libertaire  : Quel bilan général fais-tu de ce congrès  ?

Sandra  : Il s’agissait du premier congrès auquel j’assistais et cela a constitué une expérience enrichissante, très intense, avec comme surprise d’être proposée comme nouvelle secrétaire aux relations internationales.

Depuis quelques années, la CGT croît avant tout en nombre d’adhérent.es et militant.es, plus que par la création de nouveaux secteurs d’implantation. Une croissance qui est notable dans certaines branches : télémarketing, PME du secteur privé ou encore dans l’administration publique.

Les décisions consolident en partie, des campagnes déjà existantes  : défense des services publics, lutte pour un emploi digne, revenu social garanti et contre le pillage perpétré par les multinationales.

Nous avons aussi validé des campagnes à caractère social  : la défense du droit à l’avortement au sein du service public hospitalier, l’éco-féminisme, le développement de notre implantation parmi la jeunesse et la lutte con­tre la précarité qui la touche.

Nous avons, parfois en France, l’impression que l’intensité de la lutte de classe dans l’État espagnol a baissé ces dernières années, notamment depuis l’émergence du mouvement des Indigné.es. Tu le confirmes  ?

Il est possible que le contexte de précarité, conséquence directe des différentes réformes de casse du Code du travail, et les nouvelles lois réprimant la résistance sociale (entre autre la «  loi bâillon  » dite mordaza) n’ont pas aidé au développement de la combativité.

En même temps, force est de constater le maintien d’une vraie critique de masse à l’encontre de la corruption, et plus généralement contre le classe politique et la monarchie.

Depuis 2018, on peut même noter un retour des luttes sociales avec des mobilisations de masse  : le succès de la grève des femmes du 8 mars en est une preuve, tout comme les énormes manifestations qui ont eu lieu sur tout le territoire en défense des droits des retraité.es, sans parler des événements qui se sont succédé ces derniers mois en Catalogne avec des rues pleines de monde.

La CGT espagnole a toujours été très présente dans la solidarité internationale. Quelles seront, sur ce plan, vos priorités dans les années à venir  ?

En premier lieu, comme l’équipe des Relations internationales vient d’être renouvelée, nous sommes conscient.es du temps d’adaptation nécessaire pour nous mettre en ordre de marche. Nous tâcherons de répondre à toutes les sollicitations de soutien actif émanant de nos partenaires internationaux. Notre priorité est le renforcement de notre travail en direction de certaines zones spécifiques  : le Kurdistan démocratique, le Rif marocain, le Sahara, le Chiapas et plus généralement le mouvement social mexicain, ainsi que le territoire mapuche au Chili.

Bien évidemment, la Coordination rouge et noire (qui regroupe différentes organisations anarcho-syndicalistes européennes) demeure un de nos axes privilégiés, et ce d’autant que la CNT espagnole entend s’y impliquer, ce qui est une très bonne nouvelle. De même, le Réseau syndical international de solidarité et de luttes (RSISL)  [1] est un autre axe très important à nos yeux. On l’a encore vu à Madrid en janvier dernier, au cours des 3e Rencontres du RSISL, le Réseau est un cadre central pour développer de vrais liens d’appui mutuel entre organisations se réclamant du même combat anticapitaliste et anti-impérialiste. Il n’a pas pour vocation d’être hégémonique ou d’être une structure internationale figée. Au contraire, il s’inscrit dans une dynamique contre le système dominant, tant au plan économique qu’au niveau des différentes oppressions, en particulier la lutte contre le patriarcat et les discriminations de genre.

AL, Le Mensuel, mai 2018

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