Par Julien Clamence (AL Bruxelles)
Nous sommes en 2008, Viyan a 18 ans. Elle est bergère dans un village kurde de la région de Kobanê – mais il faut dire Aïn al-Arab, son nom en arabe, parce que la langue kurde est interdite sous le régime des Assad. Viyan dépose à côté du lit de sa mère sa boîte à bijoux. Elle le fait sans bruit, pour ne pas la réveiller. Ce soir, elle va rejoindre la guérilla. Elle n’a rien dit à personne, ni à sa mère, ni à ses sœurs, ni à son frère qui fait office de chef de famille. Son frère, justement, voulait la marier à l’un de ses cousins alors que Viyan a d’autres désirs : apprendre, se battre pour son peuple, être libre.
Son départ est rocambolesque. Un couple vient la chercher dans une camionnette avec une autre fille de son village. À peine ont-ils parcouru quelques kilomètres que le frère de Viyan apparaît sur sa moto et les poursuit. La jeune fille prie : s’il les rattrape, c’est fini, elle ne deviendra jamais une combattante, elle ne sera jamais libre. Heureusement, la moto disparaît dansun virage, et la camionnette branlante continue son chemin en s’enfonçant dans les ténèbres. Pour sa famille, Viyan a été enlevée ; mais le lendemain, des miliciens viennent leur dire la vérité : leur fille a rejoint le maquis. Paradoxe de ces campagnes kurdes où brûle le désir d’autonomie, mais où les familles sont prêtes à en découdre pour empêcher leurs filles de rejoindre la lutte.
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