Livre : Moi, Viyan, combattante contre Daech

Par Julien Clamence (AL Bruxelles)

FEMMES CONTRE DAECH DE PASCALE BOURGAUX VIYANNous sommes en 2008, Viyan a 18 ans. Elle est bergère dans un village kurde de la région de Kobanê – mais il faut dire Aïn al-Arab, son nom en arabe, parce que la langue kurde est interdite sous le régime des Assad. Viyan dépose à côté du lit de sa mère sa boîte à bijoux. Elle le fait sans bruit, pour ne pas la réveiller. Ce soir, elle va rejoindre la guérilla. Elle n’a rien dit à personne, ni à sa mère, ni à ses sœurs, ni à son frère qui fait office de chef de famille. Son frère, justement, voulait la marier à l’un de ses cousins alors que Viyan a d’autres désirs : apprendre, se battre pour son peuple, être libre.

Son départ est rocambolesque. Un couple vient la chercher dans une camionnette avec une autre fille de son village. À peine ont-ils parcouru quelques kilomètres que le frère de Viyan apparaît sur sa moto et les poursuit. La jeune fille prie : s’il les rattrape, c’est fini, elle ne deviendra jamais une combattante, elle ne sera jamais libre. Heureusement, la moto disparaît dansun virage, et la camionnette branlante continue son chemin en s’enfonçant dans les ténèbres. Pour sa famille, Viyan a été enlevée ; mais le lendemain, des miliciens viennent leur dire la vérité : leur fille a rejoint le maquis. Paradoxe de ces campagnes kurdes où brûle le désir d’autonomie, mais où les familles sont prêtes à en découdre pour empêcher leurs filles de rejoindre la lutte.

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Lire… une histoire du prolétariat japonais

Par Julien Clamence (AL Bxl)

le_bateau_usineSur le Bateau-usine embarquent des ouvriers déracinés, anciens campagnards de l’île d’Hokkaido convaincus par des bonimenteurs de rejoindre le port d’Hakodate ; embarquent aussi d’anciens étudiants frêles, qui espéraient gagner un pactole mais dont les poches sont déjà trouées de dettes quand ils mettent un pied sur le pont ; embarquent même des adolescents, à la limite de l’enfance, que leurs familles envoient chercher l’argent vital en désespoir de cause. Sur le Bateau-usine, le Hakkô-maru, c’est son nom, il y a déjà les marins, aussi pauvres que les ouvriers, plus conscients sans doute qu’ils voient peut-être la terre pour la dernière fois.

Il y a beaucoup de fatalité sur Le Bateau-usine de Kobayashi Takiji, beaucoup de misère, économique et humaine. Alors qu’il appareille vers les mers glacées du Nord, près des côtes soviétiques, alors que le froid devient entêtant, que les eaux s’emballent en tempête, et qu’on pêche, démembre et stocke des milliers de tonnes de crabes, les hommes perdent peu à peu ce qui leur reste de dignité, ils tombent malades, deviennent fous, violent de jeunes ouvriers dans des coins sombres. L’intendant, véritable chef du navire qui terrifie même le capitaine, fait régner une discipline de fer : il hurle, frappe, punit, ordonne qu’on vole les filets d’autres pêcheurs, laisse un bateau faire naufrage en refusant de répondre à son appel de détresse, tout ça pour sauvegarder la cadence, pour produire toujours plus de boîtes de crabe. C’est le délégué de l’entreprise qui a armé le Hakkô-maru, l’argent est roi et l’intendant est son héraut.

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