Movimento Passe Livre au Brésil : Le bus, pas la galère

Par Michael Löwy 

600849_527428733980049_1878784711_nLa lutte du Movimento Passe Livre – Mouvement pour les transports publics gratuits – contre l’augmentation du prix des titres de transports, a déclenché la vaste et impressionnante mobilisation populaire au Brésil de juin dernier. Des centaines de milliers, sinon des millions, de personnes sont descendues dans les rues des principales villes du pays.

Le Movimento Passe Livre (MPL) a été fondé en janvier 2005, à l’occasion du Forum social mondial à Porto Alegre, comme un réseau pour fédérer les collectifs locaux. La charte de principes du MPL le définit comme «  un mouvement horizontal, autonome, indépendant, non-partisan mais pas anti-partis  ». L’horizontalité est l’expression d’une démarche libertaire qui se méfie des structures et institutions verticales et centralisées. L’autonomie par rapport aux partis a pour but d’éviter une instrumentalisation par ces derniers, mais le mouvement ne rejette pas la collaboration et l’action commune avec les organisations politiques, notamment de la gauche radicale. Il coopère aussi avec des associations des quartiers populaires, des mouvements pour le droit au logement, des réseaux de lutte pour la santé, et avec certains syndicats (travailleurs du métro, enseignants). Le transport gratuit n’est pas une fin en soi mais « un moyen pour la construction d’une autre société ». Petit, le réseau n’a jamais dépassé quelques centaines de militantes et militants, implanté-e-s d’abord dans les lycées, et plus tard, dans certains quartiers populaires.

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Ukraine : Cinquante nuances de brun

Par SAT – Syndicat Autonome des Travailleurs [ Traduction : XYZ / OCLibertaire ]

ukraineprotests123Le renversement du régime autoritaire de Ianoukovitch ne signifie nullement, pour nous, la fin de notre combat. Les nouveaux dictateurs s’empressent de prendre la place du Parti des Régions. Ils n’hésiteront à s’appuyer non seulement sur les agences de sécurité considérablement affaiblies, mais aussi sur les militants d’extrême droite. Le régime de l’arbitraire en matière de police et de poursuites judiciaires méritait absolument d’être renversé, mais maintenant, une nouvelle période de terreur, qui sera justifiée idéologiquement, peut arriver.

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Pour en finir avec l’illusion électoraliste

Par Mario Lafaye (CAL BXL)

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Dans deux mois un grand événement politique va survenir en Belgique. Il s’agit bien sûr des élections de Mai 2014 qui se dérouleront à presque tous les échelons de pouvoir de notre pays (fédérales et régionales) ainsi qu’au niveau Européen. Celles-ci auront lieu dans un contexte de crise économique, d’austérité, de destruction de notre sécurité sociale (synonyme d’attaques contre le prolétariat) et de conflits sociaux de plus en plus tendus. Beaucoup de travailleurs avaient voté pour le parti « socialiste » (PS) aux élections précédentes dans l’espoir que celui-ci, une fois au gouvernement, les protégerait des effets néfastes d’une crise qu’ils n’ont pas causés. Ces électeurs ont vus leurs espoirs déçus lorsque le PS s’est fait l’allié des partis de droite dans la destruction de l’état social. Suite à leur déception beaucoup de ces travailleurs se sont détournés du PS pour chercher un groupe plus à gauche qui défendrait mieux leurs intérêts. Pour répondre à leurs attentes, tous les partis de gauche (du PTB aux multiples partis Trotkistes) ont décidé (certes avec des buts et des tactiques différentes) de rentrer dans le paradigme électoral à l’exception des groupes politiques libertaires[1] qui ont toujours refusé catégoriquement de jouer le jeu électoral. La position des libertaires à ce sujet est souvent mal comprise et fait l’objet de multiples préjugés. Les libertaires seraient au mieux des utopistes incapables de faire un compromis entre leurs idées révolutionnaires et une « tactique efficace » pour les défendre. Au pire ils seraient « d’éternels mécontents » incapables de proposer des solutions positives et concrètes aux problèmes sociaux. Il est donc plus que temps aujourd’hui de tordre le coup à ces préjugés et d’expliquer clairement la position libertaire sur la participation au cirque électoral qui a lieux dans le système capitaliste.

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Venezuela : Résumé express de la situation pour personnes curieuses et peu informées

Par Rafael Uzcategui pour El Libertario (Caracas), 21 février 2014. Traduit en français par l’OCLibertaire 

Opposition supporters march protest against Nicolas Maduro's government in CaracasLe 4 février 2014, des étudiants d’une université située à l’intérieur du pays, ont organisé une manifestation de protestation contre le viol dont avait été victime une de leurs camarades. 

La manifestation a été réprimée et les protestations se sont immédiatement étendues à presque toutes les universités du pays. 
Quelques éléments de la situation avec un texte de Caracas et quelques commentaires.

Le 4 février 2014, des étudiants de l’Université Nationale Expérimentale du Táchira, située à l’intérieur du pays, ont organisé une manifestation de protestation contre un abus sexuel dont avait été victime une de leurs camarades du fait de la situation d’insécurité dans la ville. La manifestation fut réprimée et plusieurs étudiants arrêtés. Le lendemain, d’autres universités ont réalisées leurs propres manifestations pour demander la libération des détenus, et des étudiants ont été à leur tour réprimés et certains emprisonnés.

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Nationalisation, privatisation, socialisation, autogestion : le droit de propriété en question

Par Catherine Lebrun, Christian Mahieux

Nationalisation, privatisation, socialisation, autogestion… Le syndicalisme ne peut pas faire l’économie d’approfondir ces questions car elles sont au cœur de tout projet de transformation sociale radicale.

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Au-delà des positions de principe de lutte contre le système capitaliste, les réponses et les stratégies alternatives à construire doivent prendre la mesure de l’évolution du capitalisme et des conditions concrètes dans lesquelles se mènent la lutte des classes. Elles reposent sur la nécessaire articulation entre revendications immédiates et changements structurels, entre revendications et construction du rapport de force pour les faire aboutir, entre projet alternatif et formes d’action (démocratie ouvrière, démocratie dans les luttes, grèves de masse, grèves reconductible, autonomie des mouvements sociaux, conséquences politiques concrètes des luttes, etc.)

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L’action directe d’Emile Pouget.

Ce qu’on entend par « Action directe »

PougetL’Action directe est la symbolisation du syndicalisme agissant. Cette formule est représentative de la bataille livrée à l’exploi­tation et à l’oppression. Elle proclame, avec une netteté qu’elle porte en soi, le sens et l’orientation de l’effort de la classe ouvrière dans l’assaut livré par elle, et sans répit, au capitalisme.

L’Action directe est une notion d’une telle clarté, d’une si évi­dente limpidité, qu’elle se définit et s’explique par son propre énoncé. Elle signifie que la classe ouvrière, en réaction constante contre le milieu actuel, n’attend rien des hommes, des puissances ou des forces extérieures à elle, mais qu’elle crée ses propres con­ditions de lutte et puise en soi ses moyens d’action. Elle signifie que, contre la société actuelle qui ne connaît que le citoyen, se dresse désormais le producteur. Celui-ci, ayant reconnu qu’un agrégat social est modelé sur son système de production, entend s’attaquer directement au mode de production capitaliste pour le transformer, en éliminer le patron et conquérir ainsi sa souverai­neté à l’atelier – condition essentielle pour jouir de la liberté réelle.

Négation du démocratisme

L’Action directe implique donc que la classe ouvrière se ré­clame des notions de liberté et d’autonomie au lieu de plier sous le principe d’autorité. Or, c’est grâce au principe d’autorité, pivot du monde moderne – dont le démocratisme est l’expression der­nière – que l’être humain, enchaîné par mille liens, tant moraux que matériels, est châtré de toute possibilité de volonté et d’initiative.

De cette négation du démocratisme, mensonger, et hypocrite, et forme ultime de cristallisation de l’autorité, découle toute la méthode syndicaliste. L’Action directe apparaît ainsi comme n’étant rien d’autre que la matérialisation du principe de liberté, sa réalisation dans les masses : non plus en formules abstraites, vagues et nébuleuses, mais en notions claires et pratiques, généra­trices de la combativité qu’exigent les nécessités de l’heure ; c’est la ruine de l’esprit de soumission et de résignation, qui aveulit les individus, fait d’eux des esclaves volontaires, – et c’est la floraison de l’esprit de révolte, élément fécondant des sociétés humaines.

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