Reportage : Gaza : entre chaos et colère

Par Pierre Stambul

1. Entre chaos et colère

1305424851Il y a sept ans, avec la complicité de la « communauté internationale », les dirigeants israéliens ont puni collectivement la population de Gaza, accusée d’avoir « mal » voté. Le blocus a transformé la bande de Gaza en champ d’expérimentation où l’occupant réalise la destruction programmée d’une société. Pierre Stambul nous raconte ce qu’il a vu.

Une heure après ma difficile entrée dans ce petit territoire (le 24 décembre), j’étais, avec mes camarades d’Unadikum (voir ci dessous), à l’hôpital. L’armée israélienne venait d’attaquer tout le long de la « barrière de sécurité ». Un tank avait pulvérisé une maison de 25 personnes dans un des camp de réfugiés. Une dangereuse « terroriste », la petite Hala (3 ans) avait été tuée. La famille nous a demandé de filmer son corps et les membres de sa famille blessés puis de témoigner. Ce crime gratuit a suivi plusieurs autres assassinats contre des pêcheurs ou un chiffonnier triant les déchets et elle a précédé des assassinats « ciblés » en janvier. En 7 ans, il y a eu deux grands massacres aux noms poétiques choisis par l’occupant : « Plomb durci » (janvier 2009, 1400 morts) et « Pilier de défense » (novembre 2012, 140 morts). Les exécutions extrajudiciaires à coup de drones ont tué 650 personnes. Cent cinquante paysannes et paysans, et des milliers d’animaux ont été abattus dans les champs. Leur crime ? Leurs champs jouxtent la frontière.

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Le Noir: décoloniser l’anarchisme et défier l’hégémonie blanche

Par 

Source : http://budourhassan.wordpress.com/2013/09/28/le-noir-decoloniser-lanarchisme-et-defier-lhegemonie-blanche/

5101142993_487d65f0a8_oL’apparition dans les rues du Caire, en janvier 2013, du Black Bloc égyptien a déclenché une candide euphorie dans les cercles anarchistes occidentaux. Aucun intérêt n’a été accordé à la ligne politique du Black Block – ou à son absence -, à ses stratégies ou à ses prises de positions sur le plan économique et social. Pour la majorité des anarchistes occidentaux, il leur a suffi que les membres du Black Bloc leur ressemblent et qu’ils soient vêtus comme eux pour susciter en leur sein une admiration inconditionnelle. Les pages Facebook des anarchistes israéliens furent inondées de photos d’activistes du Black Bloc en question. Parcourir la blogosphère des anarchistes américains, pendant cette période, donne l’impression que ce Black Bloc marquait la première rencontre que l’Égypte ait jamais connu avec l’anarchisme ou l’anti-autoritarisme.

Mais comme le soulignait l’écrivain américain Joshua Stephens, la réaction de joie exprimée par beaucoup d’anarchistes occidentaux pour le Black Bloc soulève des questions peu radieuses sur leur obsession de la forme et de la représentation, plutôt que sur le fond et les actions. En d’autres termes, ces anarchistes ne sont pas si différents des islamistes, qui se sont empressés de qualifier le Black Bloc de blasphématoire et d’impie à cause de leur style occidental. Par ailleurs, beaucoup de réactions ont été révélatrices de l’attitude orientaliste des anarchistes occidentaux, notamment par leur mépris pour l’histoire pourtant abondante de l’anarchisme en Égypte et au Moyen-Orient. Comme le démontre l’anarchiste égyptien Yasser Abdullah, l’anarchisme en Égypte remonte aux années 1870 et a nourri la révolte d’Urabi Pacha en 1881; les anarchistes grecques et italiens avaient aussi organisé des grèves et des manifestations avec les travailleurs égyptiens. Ces luttes sont nonchalamment écartées d’un revers de la main par ceux qui, aujourd’hui, font comme si ce Black Bloc était le premier groupe authentiquement radical qui ait honoré le sol égyptien.

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