Par San Vincente (AL Bruxelles)

Dieudonné et Alain Soral… oImagen pensait qu’après tous leurs dérapages et prises de position réactionnaires, nous n’aurions plus à écrire sur ce duo tragicomique. Pourtant, force est de constater que leur pouvoir de nuisance est toujours intact.

Ces tirailleurs n’ont qu’une seule fonction : tenter de sensibiliser aux thèses de l’extrême droite un public habituellement insensible à celles-ci. Ils tentent de brouiller les lignes en se présentant comme des individus en-dehors du champ partisan. Il n’en n’est rien : M. Soral a été membre du comité central du FN avant d’en démissionner car on n’y accordait pas assez d’importance à sa petite personne. Quant à Dieudonné, il passe son temps dans les eaux du FN, par exemple avec Frédéric Châtillon, conseiller de Marine et ancien du GUD, ou en louant son théâtre, La Main d’or, pour les formations du FN.

Soral le boutiquier

Les seules actions politiques concrètes proposées par Alain Soral se résument à acheter ses produits, acheter des billets pour ses conférences et… voter pour le Front national. On entend parfois que son discours, en tant que tel, comporterait des éléments intéressants et progressistes. Coupons court à ces rumeurs : la soupe que nous sert Soral est composée des ingrédients faisandés de l’extrême droite la plus rancie. Il se présente aujourd’hui comme le porte-parole des cités ? Voilà plutôt ce qu’il en pensait : « leur seul espoir [aux Algériens] c’est qu’on y retourne [en Algérie].  » [1] mais encore :celui qui se comporte en colon, de plus en plus c’est le Beur » [2] ou bien : « la France devient un pays d’Anglo-saxons névrosés envahis de Maghrébins hostiles » [3].

Conspirationnisme rance

Soral est-il anticapitaliste ? Il aimerait beaucoup mais, malheureusement, derrière les postures de rebelle avec des vrais morceaux de subversion dedans, ça sent plutôt le conformisme le plus plat. Ses théories se limitent à une critique superficielle de la finance, des multinationales étrangères et à une apologie crétine du petit patronat.

Soral ne doit sa réputation subversive qu’à un antisionisme soit disant radical. Il s’autoproclame, avec son compère, l’alpha et l’omega de ce combat. Pourtant, sur un plateau télé il ira jusqu’à déclarer : « Je ne suis ni propalestinien, ni pro-israélien, je suis français monsieur. » Pietro Sangiorgio, l’un des individus participant à son fan club, Égalité et réconciliation, nous déclare dans une vidéo que pour lui l’État d’Israël est un modèle admirable. En revanche, son antisémitisme est on ne peut plus réel. Soral a réédité La France juive de Drumont, best-seller antisémite des années 1880, et son analyse du capitalisme se réduit à la dénonciation du complot américano-sioniste – entendez par là le complot juif.

Quant à Dieudonné, tous ses spectacles sont désormais imprégnés d’antisémitisme et de négationnisme.

Pour expliquer la marche du monde, Soral véhicule les thèses conspirationnistes plus bêtes les unes que les autres issues d’Internet. Vendeurs à la petite semaine, Soral et Dieudo ne sont que le reflet d’une époque sans esprit, l’opium qui remplace la conscience révolutionnaire.

Du côté des assassins

Dernière illustration des numéros de magicien de notre duo, l’immonde plaidoyer en faveur d’Esteban Morillo, le meurtrier de Clément Méric. On reprend les mêmes ficelles éculées par notre duo, on se présente comme au-dessus de tout cela… et on invite le chef du groupuscule de l’assassin, Serge Ayoub ! Au nom du « devoir de vérité », on présente sa version, totalement partiale, de l’affaire. La première vérité aurait été de rappeler que Serge Ayoub et Soral se connaisse très bien puisqu’ils ont ouvert ensemble le bar parisien Le Local ! Alors toujours aussi impertinent l’avis de nos deux bouffons ?

[1] Alain Soral, Abécédaire de la bêtise ambiante, Blanche, 2008, page 15

[2] Ibidem, page 99.

[3] Ibidem, page 124.

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