Par Nicolas Inghels
Bien que depuis la première guerre mondiale, il n’existait plus de mouvement anarchiste fort en Belgique, ses militants se regroupaient principalement au sein d’une Fédération Communiste Anarchiste Belge et dans le CIDA, le Comité International de Défense des Anarchistes. Le CIDA dénonçait l’oppression des régimes fascistes et voulait voir cesser les expulsions et extraditions dont furent victimes les immigrés politiques, principalement Italiens puis les Espagnols. La Belgique durant l’entre-deux-guerres était une terre d’exil et les militants anarchistes belges de cette génération accueillirent et aidèrent de nombreuses personnes dans la semi clandestinité : des militants anarchistes italiens et espagnols (dont Ascaso et Durrutti ), des allemands, des juifs, des objecteurs de conscience, des anarchistes néo-malthusiens…
Mais l’arrivée de l’occupant nazi disloqua tout. Le mouvement se sépara pour longtemps. Ainsi, certains anarchistes quittèrent la Belgique pour la France, l’Angleterre ou plus loin encore. Certains anarchistes belges ou étrangers se lancèrent dans la Résistance, d’autres optèrent pour la collaboration. Il y eut des arrestations, des condamnations, des déportations. Les idéaux anarchistes de solidarité et de fraternité semblaient si éloignés de la réalité que certains en vinrent à en douter. Après la guerre d’Espagne, qui avait déjà rendu perplexes certains anarchistes, la deuxième guerre mondiale et son cortège d’horreurs fit des ravages dans leurs rangs. A la Libération, le mouvement anarchiste est donc totalement éparpillé.
Comme nous le verrons ici, tout au long de la deuxième moitié du XXeme sicle le mouvement va continuer ses activités d’avant guerre et essayera de se réorganiser à différente reprise pour tenter de redevenir un courant de pensée important de la société belge. Il faudra attendre l’évolution des années soixante et les nouvelles générations pour que le mouvement sans jamais redevenir le mouvement puissant du XIXe siècle, renoue un minimum avec la popularité.