Le FN risque de rafler deux ou trois présidences de région. Le PS et les Républicains paniquent à l’idée de perdre leurs sièges au bénéfice du monstre. Un monstre qui a prospéré sur leurs politiques antisociales, sécuritaires et de stigmatisation des immigrés. Un monstre qui, à bien des égards, leur ressemble, en pire ! On ne dégonflera l’extrême droite qu’avec un renouveau du mouvement social, des luttes collectives et l’espoir d’un véritable changement de société.
Voilà trente ans que les gouvernements de gauche comme de droite détricotent les protections sociales, les solidarités, les services publics.
Trente ans que le chômage et la précarité progressent au même rythme que la fortune des ultra-riches.
Trente ans qu’on nous vante les valeurs de réussite sociale, d’individualisme, d’égoïsme.
Voilà trente ans surgissait le FN. Trente ans après les partis et les médias qui portent la responsabilité de cette descente aux enfers ont perdu toute crédibilité aux yeux de l’électorat.
De ce point de vue il est remarquable que les partis à gauche du PS paient davantage que le PS lui-même : c’est le prix de leurs accords de gestion avec le PS, le prix aussi du vote de l’état d’urgence que nombre de leurs sympathisantes et sympathisants n’acceptent plus.
Autour du FN gravitent toujours autant de groupuscules ouvertement fascistes et son discours raciste séduit une partie de l’électorat. Et si on trouve nombre de politiciens pour pleurnicher le soir du 1er tour, nous sommes bien peu nombreux et nombreuses à les combattre toute l’année. Mais c’est bien le discours social, mensonger et incohérent, développé par Marine Le Pen qui permet aujourd’hui au FN de séduire largement les couches populaires.
Ni le PS, ni la droite, ni Gattaz n’ont la moindre crédibilité lorsqu’ils dénoncent les promesses sociales du FN. C’est seulement dans les luttes sociales réelles et dans les grèves que le FN se démasque, toujours prompt à condamner les grévistes et les syndicalistes. C’est sur ce terrain là que nous pouvons faire reculer le FN et nous nous y employons non seulement à la veille de quelque élection mais toute l’année.
C’est pourquoi nous n’acceptons pas les leçons de « civisme » distribuées à la volée par les médias et les partis dominants. La moitié des français en droit de voter s’abstiennent. Et plus de 70% dans les villes les plus pauvres de Seine-Saint-Denis. Notre problème est de transformer ce rejet de la farce électorale en force constructive, résistante et autogestionnaire.
Nous ne le ferons pas avec nos seules forces. Avec notre proposition de front anticapitaliste, nous nous adressons largement aux militants et militantes déjà organisés dans divers partis comme à celles et ceux qui ne se retrouvent dans aucune organisation politique. Un front pour développer les luttes contre l’exploitation patronale et toutes les injustices, toutes les discriminations.
Personne n’est en trop pour reconstruire un rapport de force favorable au camp des travailleurs et des travailleuses, à l’émancipation, aux valeurs d’égalité et de solidarité. C’est pourquoi, au lendemain du 1er tour des élections régionales, nous proposons de refuser de diviser un peu plus les anticapitalistes à propos du second tour. Aussi Alternative libertaire affirme comprendre celles et ceux qui vont une nouvelle fois refuser de participer à la mascarade électorale ; et comprendre aussi celles et ceux qui feront le choix, dans les régions concernées, de faire barrage à une victoire de l’extrême droite.
Ce qu’il faut, c’est agir ensemble plus fort dès demain dans les entreprises et dans les quartiers.
Alternative libertaire, le 7 décembre 2015