Par Vincent (AL Saint-Denis)
L’affrontement des deux hyperpuissances à coups de taxations douanières ne peut rien apporter de bon aux salarié.es, d’un côté comme de l’autre, et même dans le monde entier.
Depuis janvier, la Chine et les États-Unis se livrent une « guerre commerciale ». Le but : renchérir les produits de l’ennemi par des mesures protectionnistes pour favoriser la production nationale. Pour Donald Trump, il s’agit de punir des pratiques commerciales chinoises jugées « déloyales » : les « transferts forcés de technologies » et de « droits de propriété intellectuelle » mais aussi la dépréciation du yuan par la Chine pour soutenir sa compétitivité.
Si la bataille a d’abord été menée à coups de menaces, elle l’est maintenant au moyen de taxations bien réelles des produits importés, chaque offensive d’un camp entraînant une riposte de l’autre. Dernier épisode en date : Washington annonce, le 17 septembre, la taxation de 200 milliards de dollars d’importations chinoises. Le lendemain, riposte de Pékin par la mise en place de taxes sur 60 milliards de dollars d’importations diverses comme les machines-outils, les produits agricoles, les composants chimiques ou le gaz naturel liquéfié.
375 milliards de déficit
Une bonne nouvelle pour les travailleuses et travailleurs ? Les intentions affichées de Trump sont bien de restaurer la puissance industrielle américaine et donc de favoriser l’emploi des salarié.es aux États-Unis. De fait, le déclin industriel états-unien est indéniable, et les 375 milliards de dollars de déficit commercial du pays vis-à-vis de la Chine (un chiffre multiplié par 10 en vingt ans) y sont pour quelque chose.
Pourtant, il y a plusieurs raisons de penser que l’opération ne sera pas bénéfique aux travailleurs, ni d’un côté ni de l’autre du Pacifique.
Certes, selon l’association des industriels américains, les taxes sur l’acier et l’aluminium ont eu des effets bénéfiques sur l’emploi dans la sidérurgie, avec 3 000 embauches. Mais la riposte de l’Empire du Milieu a aussitôt l’effet inverse en renchérissant le prix des matières premières que les États-Unis importent de Chine, rendant donc l’économie américaine moins compétitive et moins créatrice d’emplois. Elle risque par ailleurs de générer une hausse des prix pour les consommateurs américains, en raison des droits de douane augmentés sur le produit fini ou sur les matières premières nécessaires à sa fabrication.
Ce que le prolétariat gagne d’un côté, il le perd donc de l’autre.
La même chose, symétriquement, est vraie pour la population chinoise. Par ailleurs, les effets de cette guerre commerciale ne se bornent pas aux deux hyperpuissances ; elles menacent l’ensemble de l’économie mondiale. Or, en cas de crise, ce sont avant tout les classes populaires qui trinquent.
Le protectionnisme, parfois vanté à gauche comme bénéfique aux classes populaires, paupérise finalement les classes populaires de la même façon que le libre-échange. Et il en sera ainsi tant que l’économie sera entre les mains des capitalistes… qu’ils soient protectionnistes ou libre-échangistes, au gré de la fluctuation de leurs intérêts !