Par Le fantôme de Brejnev
Pas de malentendu nous ne sommes pas là pour donner un cours de droit administratif et étudier les différents cas dans lesquels une personne privée peut être exproprié par l’État ou une collectivité publique. Il s’agit de l’expropriation dans un processus révolutionnaire, celle qui précède la collectivisation des terres et des moyens de production. L’expropriation qui de tout temps a fait trembler la bourgeoisie. Celle que réalisait la colonne Durruti en Espagne après avoir libéré un village de la présence fasciste en 1936 en permettant aux travailleurs et aux travailleuses de collectiviser les terres.
Il fallait bien les saisir aux propriétaires terriens, les déposséder. L’expropriation, c’est mettre fin au régime de la propriété privée qui caractérise le capitalisme. Ce sont aussi les révolutionnaires italiens autonomes du Mouvement de 1977 qui réquisitionnaient des logements pour les occuper ou pour permettre à des familles de se loger. Ce sont des peuples qui se battent pour reprendre leurs terres que se sont accaparées des multinationales dans les années 90. Par expropriation, le théoricien communiste libertaire Pierre Kropotkine entendait une action qui permettrait de rendre aux travailleurs tout ce qui permet à n’importe qui de les exploiter. Elle est d’autant plus légitime selon le célèbre communiste libertaire italien Errico Malatesta qu’elle met fin à l’exploitation capitaliste. Elle permet de changer le fond même du régime et d’abattre le capitalisme dans les faits en organisant le communisme. Mais la saisie des moyens de production et la réappropriation des richesses naturelles ne devra pas se faire par l’intervention de l’État, il n’est pas question d’instituer un collectivisme bureaucratique ou de demeurer dans un capitalisme d’État.
Les expropriations devront être organisées par les gens eux-mêmes, travailleurs ou non, membres ou non de syndicats révolutionnaires ou de conseils populaires suivant les besoins de la population, immédiats ou à venir. L’expropriation permettra aussi bien de mettre fin à la propriété privée qu’à la propriété dite publique, celle de l’État. L’expropriation est un mouvement qui mettra fin à toutes les formes de médiations qui saturent les relations sociales en capitalisme. C’est ainsi mettre fin à l’Etat mais aussi au règne de l’argent qui n’aura plus aucune utilité. L’expropriation qui doit permettre l’auto organisation de la population ne doit pas conduire non plus à s’auto exploiter, c’est donc mettre fin au règne de la marchandise et au travail tel qu’il existe en capitalisme.
Le capitalisme qui trouve lui-même ses racines dans ce que Marx a appelé « l’expropriation originelle » pour désigner le long processus d’accumulation primitive du capital, qui s’est faite par la violence, le meurtre, le pillage, l’asservissement…et qui perdure aujourd’hui dans de nombreuses régions du monde. Si l’expropriation révolutionnaire est légitime, c’est justement parce qu’elle vient reprendre ce que le capital a originellement et indument pris.