Cette nouvelle journée internationale de lutte pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes doit être une réussite et le début d’une lutte effective. Les violences faites aux femmes – physiques et psychologiques – sont innombrables et touchent tous les domaines de leur vie, tous les lieux où elles circulent, toutes sont concernées quels que soient leur âge et leur condition sociale. Depuis début 2017, on compte en Belgique plus de 98 féminicides, dont au moins 20 depuis début 2019 . Pour ces trois dernières années, c’est, proportionnellement à la population, bien au-dessus de la moyenne d’autres pays européens.
Partout dans le monde, des femmes luttent pour dénoncer les violences dont elles sont la cible principale. Ces violences sont engendrées par un système patriarcal et hétérosexuel qui assied son pouvoir sur des siècles de domination masculine, et qui entraîne un continuum de violences (harcèlement moral et sexuel, agressions, viols, assassinats) et d’inégalités (économiques, sociales, politiques).
Si nous soutenons les luttes pour des mesures législatives concrètes pouvant faciliter la vie de toutes, ici et maintenant, elles ne peuvent être suffisantes. Pour l’émancipation de toutes, nous devons lutter en même temps contre tous les systèmes de domination et d’exploitation : l’hétéro-patriarcat bien sûr, mais aussi le racisme, le capitalisme…
Tous ces systèmes oppressifs sont dépendants les uns des autres. Ils travaillent tous ensemble pour se renforcer l’un l’autre ; l’un ne peut disparaître seul, ils doivent disparaître ensemble.
Un système raciste…
Le contexte actuel est marqué par l’expression quotidienne du racisme. Nous luttons donc contre les politiques répressives et racistes qui visent les femmes migrantes, sans-papiers, étrangères. La question islamophobe est en ce moment plus prégnante encore : les femmes voilées, par leur visibilité, sont les premières victimes du déferlement actuel de violences et de haine.
Nous dénonçons l’esclavage sexuel et le système prostitutionnel subis par beaucoup de femmes sans papiers et migrantes, ainsi que la répression policière favorisant les violences quotidiennes auxquelles elles doivent faire face.
… et capitaliste
Les attaques contre le droit du travail ont en premier lieu touché les femmes, qui occupent la majeure partie des emplois précaires, et dont les salaires sont toujours très inférieurs à ceux des hommes.
La casse du système de retraite par répartition induit de fait une baisse générale des pensions des femmes, et celle de l’assurance chômage pousse de nombreuses femmes hors du champ d’indemnisation. Un nouveau mode de prise en compte des revenus du conjoint a été annoncé pour le calcul de l’allocation aux adultes handicapé ⋅ es (AAH) condamnant les femmes handicapées à être dépendantes financièrement de leur conjoint.
Avec la dégradation des conditions matérielles d’existence, les femmes sont davantage soumises aux pressions et aux violences, que ce soit sur le lieu de travail ou dans la sphère conjugale et familiale.
Nous sommes communistes libertaires. Nous luttons pour une société débarrassée des systèmes d’oppressions et d’exploitation qui la structurent.
Le renforcement de l’État et de ses institutions, de la famille ou des religions, n’est pas la solution. Nous avons besoin de revendications immédiates, d’organisation et de perspectives pour un changement radical de société !
Les systèmes de domination ne seront pas éradiqués uniquement par des actions de pédagogie reposant sur les bonnes volontés individuelles.
Lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est construire un véritable rapport de force vis-à-vis des institutions. Pour construire ce rapport de force, nous appelons à l’auto-organisation politique des femmes !
Partout, construisons des contre-pouvoirs féministes.