La présence non seulement sur les réseaux sociaux mais également dans les rassemblements et manifestations de groupuscules ou d’individus qui alimentent la confusion idéologique porte préjudice à nos luttes. En instrumentalisant les peurs et les haines pour leur bénéfice politique ou personnel, ils invisibilisent les personnes en lutte et participent à la contre- offensive réactionnaire.

La présence remarquée de différentes personnalités et organisations politiques qui ont fait du mensonge, de la désinformation et de la manipulation leur fond de commerce n’est pas un phénomène nouveau, il semble avoir pris de l’ampleur depuis le mouvement des gilets jaunes. C’est notamment le cas de l’UPR d’Asselineau. Les adeptes de Dieudonné et de Soral figurent également souvent en bonne place parmi les parasites complotistes qui font leur beurre antisémite sur le dos de la misère sociale et de la méconnaissance de l’histoire du mouvement ouvrier. Ces franges réactionnaires ne représentent qu’une minorité, mais on constate que leurs idées sont souvent relayées et acceptées comme légitimes. Parmi les «  idiots utiles  », Etienne Chouard a été longtemps plébiscité par certains dirigeants et militant·es de la France insoumise et Juan Branco, autre personnalité se revendiquant de gauche, s’est maintes fois illustré par la diffusion de théories du complot et une certaine connivence avec l’extrême droite.

Ne nous y trompons pas  : la présence de l’extrême droite au sein des luttes n’a jamais un but émancipateur. Les idéologies d’extrême droite reposent toujours sur un désir de hiérarchie rigide. L’extrême droite n’est jamais contre la répression  : elle s’oppose seulement au fait de ne pas tenir le fouet. Le but de la stratégie confusionniste est d’encourager la rupture entre les membres du mouvement social suffisamment naïfs pour croire les manipulateurs, et ceux et celles qui savent reconnaître le garde-chiourme qui se cache toujours derrière certains soi-disant «  dissidents  ». Le confusionnisme se caractérise généralement par une remise en question des analyses matérialistes des systèmes d’oppressions, et l’obsession pour une «  politique de l’identité  » populaire. Les confusionnistes adorent reprocher aux idéologies critiques d’ignorer la classe, mais ce qu’ils appellent «  classe  » n’est au mieux qu’un déguisement ou une identité nationale purement cosmétique, dont ils ne se privent pas d’exclure toutes celles et ceux qui ne correspondent pas à une collection fantasmée d’hommes blancs principalement unis idéologiquement par leur racisme et leur sexisme.

Brouiller les marqueurs sociaux

Le confusionnisme fantasme sur quelques décideurs qui seraient capables de manipuler les masses par une immense machination. Il a pour conséquence de brouiller les marqueurs sociaux et économiques qui caractérisent les oppressions et les outils pour analyser celles-ci, en leur préférant des théories simplistes niant l’histoire sociale. Le confusionnisme, en déformant les analyses critiques des dominations pour les réduire à des rapports de cause à effet simplistes, facilite l’acceptation des idées d’extrême droite et instrumentalise la méfiance légitime à l’égard des institutions et des personnes qui les dirigent. Ces différents réseaux et groupuscules ont au final des effets semblables  : ils rendent inaudibles les revendications sociales, les affaiblissent ou les ignorent purement et simplement.

L’un des moyens les plus souvent utilisé contre les confusionnistes est la confrontation physique ou verbale. Si cette tactique a pu être payante vis à vis des groupuscules ouvertement fascistes durant la séquence des gilets jaunes, on peut se poser la question de son efficacité concernant les confus qui n’utilisent que rarement la violence politique de rue. L’opposition frontale à des personnes vues comme non-violentes par celles et ceux qui ignorent ou ne perçoivent pas la dangerosité de leur discours peut leur faire gagner des sympathies voire des soutiens. Cela ne signifie certainement pas qu’il faille les laisser tranquillement défiler mais accompagner une vigilance antifasciste d’une distribution de tracts permet d’informer les personnes assistant à l’action non seulement des effets pervers des idées confusionnistes mais aussi de la violence qu’elles font subir aux personnes en lutte ou opprimées.

Désigner les réactionnaires

S’attaquer à ces discours n’est pas seulement une question de présence dans les cortèges. Cette riposte doit aussi être mise en œuvre dans toutes nos luttes, en les désignant clairement comme réactionnaires et servant les intérêts des oppresseurs. Des déconstructions de leurs théories telles que celles proposées par le collectif La Horde peuvent être ainsi mobilisées. C’est également en militant dans une démarche de reconnaissance de l’intersectionnalité des oppressions que nous pourrons déconstruire leur propagande. Comme tout discours d’extrême droite, celui-ci s’appuie sur l’encouragement à prendre position contre  : contre le féminisme, contre l’antiracisme, contre les luttes LGBTI, contre le mouvement social, contre les personnes que ces mouvements défendent et celles qui les animent. Les fascistes n’ont jamais eu besoin de convaincre la majorité d’être fasciste, la convaincre de davantage détester les ennemis du fascisme que les fascistes eux-mêmes leur suffit amplement.

LEUR FORCE : L’IGNORANCE

Démontrer que les oppressions ne sont pas le résultat d’un «  plan  » des élites au pouvoir mais bel et bien les conséquences de systèmes collectivement acceptés permettrait d’en diminuer l’attrait. Et si l’on ne discute pas avec les fascistes ou ceux qui leur servent la soupe, nous ne devons pas non plus abandonner celles et ceux qui risquent de se faire manipuler par ces idées. À nous de mettre en pratique nos principes d’éducation populaire, de raconter l’histoire de notre mouvement social, de défendre nos analyses et nos actions par le matérialisme qui a fait et fait encore la pertinence de notre courant révolutionnaire !

La commission antifasciste de l’UCL