Apparue à la fin des années 2000 aux États-Unis dans un contexte de recomposition de l’extrême-droite et favorisée par l’élection de Donald Trump, l’Alt-right s’est aujourd’hui imposée sur la scène politique étasunienne. À l’occasion de la crise née de la pandémie elle part aujourd’hui à la conquête de l’Europe.
L’expression Alt-right, pour alternative right (droite alternative), a été forgée en 2008 par le militant suprémaciste blanc Richard B. Spencer. Ouvertement raciste et proche des milieux néonazis, Spencer prône l’«ethno-nationaliste», milite pour que les femmes soient cantonnées à la sphère domestique, et s’il est pro-avortement c’est uniquement pour limiter les naissances des enfants noirs et latinos. Durant la présidence d’Obama, l’Alt-right a gagné en popularité en usant de la rhétorique revancharde de l’homme blanc émasculé, frustré de ne plus pouvoir en toute quiétude exprimer son sexisme, son racisme et son homophobie. L’élection de Trump, premier promoteur des idées portées par cette nouvelle extrême-droite, va accélérer son déploiement.
Elle va gagner en popularité à la suite des manifestations «Unite the Right» qu’elle co-organise à Charlottesville en août 2017 pour protester contre le retrait d’une statut du général confédéré Robert Lee, et qui mêlait néonazis, klanistes et Alt-right. De violents affrontements éclatent faisant une trentaine de blessés et tuant une manifestante, renversée par le véhicule d’un suprémaciste blanc fonçant délibérément sur les contre-manifestants. Trump renvoie dos à dos la violence des deux camps avant de se reprendre et de préciser que parmi les manifestants pro-Lee, il n’y avait pas que le Klu-Klux-Klan, mais aussi et surtout des braves gens très bien.
Une épidémie de discours racistes et conspis
Depuis, les groupes armés «d’autodéfense» se multiplient et jouent les supplétifs des forces de l’ordre tels le Patriot Prayer fondé en 2016, groupe pro-Trump actif sur la côte ouest des États-Unis. Sous couvert de défense de la liberté d’expression, il recherche l’affrontement physique contre les militants et militantes antifascistes et plus généralement ce qu’ils nomment l’Alt-left (anarchistes et antifas). Les Boogaloo Boys quant à eux prônent la constitution de milices armées en vue de provoquer une seconde guerre civile. On les reconnaît à leurs chemises colorées de types hawaïennes et leur lourd arsenal. Très actifs dans les manifestations anti-confinement, les Boogaloo mêlent patriotisme, virilisme et complotisme.
À côté de ces groupes actifs, se déploie la mouvance QAnon qui alimente en discours complotistes les sites et forums fréquentés par l’Alt-right. Selon ses adeptes, le président Trump livrerait une guerre secrète contre des élites (gouvernement, milieux financiers et médias), lesquelles seraient mêlées à une cabale sataniste et pédophile à l’échelle mondiale. D’abord essentiellement étasunienne, cette mouvance gagne aujourd’hui l’Europe où à l’occasion de la crise du Covid ses théories complotistes séduisent de plus en plus de personnes en manque de repères. Plus que jamais, pour lutter contre les virus de l’extrême-droite et du conspirationnisme il est essentiel de développer partout le seul antidote qui vaille : un antifascisme radical adossé à une solidarité de classe.
David (UCL Grand Paris Sud)