Mobilisation de la diaspora kanak le 1er mai 2024 à Paris, cc Patrice Leclerc/Photothèque du mouvement social

Comme en 1984, la Kanaky s’embrase. La révision du corps électoral, qui vise à réduire encore le poids politique de la population kanak, a mis le feu aux poudres. La répression n’y fera rien ; la solidarité est nécessaire ; l’indépendance la seule voie.

Le « dégel du corps électoral » préparé depuis plusieurs mois par l’État français signifie élargir le corps électoral en Kanaky pour y intégrer les dernier·es arrivant·es, en majorité de France, accentuant la mise en minorité des Kanak sur le plan politique. C’est un objectif essentiel pour toute colonisation de peuplement : depuis 171 ans, l’État français a d’abord décimé les Kanak, puis a organisé le remplacement de la population autochtone par des vagues d’immigration.

Le projet de loi constitutionnelle est toujours en cours de discussion l’Assemblée nationale. L’objectif est d’autoriser toute personne installée depuis dix ans sur le territoire à devenir électrice. Cela revient ajouter plus de 25.000 nouvelles et nouveaux électeurs à une liste électorale qui en compte 180.000 ; c’est considérable.

Les accords de Nouméa de 1998 étaient censés lancer un processus de décolonisation sur vingt ans, aboutissant à une série de 3 référendums sur la pleine souveraineté de la Kanaky.

Mais comme toujours, les enjeux étant bien trop importants, le colonialisme ne se retirera que sous la contrainte. Il lui faut gagner du temps, noyer le poisson, diviser les forces indépendantistes, faire illusion à l’international. Quarante ans nous séparent déjà du soulèvement kanak de 1984. Les mises en garde de Darmanin quant à une « ingérence étrangère » ‒ chinoise, azerbaïdjanaise ‒ ne nous dupent pas. Il s’agit d’une rhétorique classique pour discréditer les luttes indépendantistes.

Solidarité inconditionnelle avec le peuple kanak

Les mobilisations se multiplient en Kanaky, mais peinaient jusqu’ici à être entendues en France, où la politique coloniale de l’État français est passée sous silence. Il nous faut soutenir les peuples en lutte pour leur indépendance contre l’impérialisme, et placer au cœur de nos revendications les luttes décoloniales. Cet État, d’une main, réprime le peuple français dans l’Hexagone, et de l’autre maintient des milliers de personnes dans une situation de sujétion, empêchant leur accès aux droits les plus fondamentaux, à savoir le droit à leur histoire, à la terre, à la culture, à la dignité et à l’autodétermination.

Nous exprimons notre opposition au dégel du corps électoral en Kanaky. Nous réexprimons notre solidarité inconditionnelle avec le peuple kanak dans sa lutte pour l’indépendance. Et plus généralement, nous exprimons cette même solidarité avec tous les peuples et les organisations anticolonialistes, de l’UTG jusqu’au FLNKS, qui subissent et luttent contre la politique de l’État français, que ce soit dans les territoires dits « d’outre-mer » ou dans les anciennes colonies toujours sous influence.

Solidarité complète avec les révoltés ! 171 ans d’occupation coloniale, ça suffit : indépendance maintenant !

Union communiste libertaire, le 10 mai 2024