Depuis les années 1940, jamais les idées d’extrême droite n’ont été aussi présentes. Dans tous les courants politiques, le nationalisme et le populisme font un retour préoccupant permettant l’accession au pouvoir de personnages se revendiquant de l’idéologie fasciste. Des États-Unis au Brésil de Bolsonaro, de l’Inde au Royaume-Uni, la liste des gouvernements d’extrême-droite s’allonge irrémédiablement à mesure que le capitalisme n’en finit pas d’être en crise.

Partout ils musellent les mouvements sociaux et entraînent une oppression toujours plus forte des femmes et des minorités de genre, des étrangers et étrangères avec ou sans papiers et plus généralement des travailleuses et des travailleurs. Même si, pour le moment, les institutions étatiques semblent résister au contrôle sans partage du pouvoir par les nationalistes, elles n’en demeurent pas moins incapables de ralentir l’avancée de la peste brune quand elles ne leur préparent pas un boulevard en réprimant férocement les militant·es antifascistes. Tour d’horizon de cette montée généralisée de l’extrême droite.

Nostalgie des dictatures sud-américaines

Avec le brésilien Bolsonaro , Donald Trump a trouvé un larron qui lui ressemble, et son meilleur allié en Amérique du sud. (photo de couverture cc By 4.0 MILHOMEMLUCCAS )

Donald Trump n’est pas le premier populiste à accéder à la présidence des États-Unis mais sa bouillie verbale sans filtre et ses lois inhumaines visant les personnes étrangères, non-binaires, amérindiennes et plus généralement les opprimé·es, le distingue clairement de ses prédécesseurs. Derrière lui, c’est tout le parti conservateur républicain qui assume, promeut et applique sa politique raciste, homophobe, patriarcale et libérale.

Preuve en est, depuis son élection, les rassemblements des nationalistes blancs se font de plus en plus pressants et, dernièrement, le manifeste du meurtrier de masse d’El Paso reprenait à la lettre la rhétorique de Trump à l’égard des migrant·es mexicain·es. Plus préoccupant encore, la volonté du gouvernement de cibler les militant·es antifascistes se concrétise dans la volonté de déclarer les organisations antifascistes comme terroristes. Alors qu’aux États-Unis, le nombre de décès liés aux activités d’extrême droite est en augmentation constante ces dix dernières années et que les assassinats racistes par la police ne cessent de faire la une, la répression se dirige toujours vers celles et ceux qui luttent contre la haine.

Au Brésil, Jair Bolsanero reprend mot pour mot la rhétorique de campagne de Trump pour finalement remporter les élections de 2018. Cet ancien officier militaire, nostalgique de la dictature, a même déclaré vouloir anéantir toutes les organisations du mouvement social en les menaçant d’une purge s’il et elles ne quittaient pas le pays. Ces menaces ne sont pas vaines : le nombre d’assassinats policiers a explosé depuis la victoire de Bolsanero. Les chiens de garde du capital sont donc lâchés et les Brésiliennes et Brésiliens ne sont pas les seul·es à en faire les frais.

Les incendies de la forêt amazonienne et la volonté affichée du gouvernement d’exploiter ces terres entraînent non seulement le Brésil mais l’ensemble de la planète dans une spirale désastreuse de ravage des écosystèmes. Là encore, le discours nationaliste se renforce et sert de justification. Les délires complotistes du président brésilien le poussent même à accuser les ONG d’avoir allumé les feux pour nuire à sa réputation.

Les suprémacistes hindous agressent le cachemire

Depuis 2014, et pour la première fois depuis 30 ans, Le BJP (Bharatiya Janata Party, parti nationaliste hindou) parvient à obtenir une majorité absolue au parlement indien. En 2019, la plus peuplée des démocraties modernes a confirmé ces résultats en renforçant sa majorité absolue d’une vingtaine de sièges.

La violence envers les communautés musulmanes minoritaires a explosé et les arrestations sommaires des opposant·es au régime, en s’appuyant une fois encore sur de faux prétextes de terrorisme, est devenu le lot quotidien des personnes en lutte.

Fort de sa majorité, le gouvernement met en œuvre tout l’appareil étatique pour faire taire les contestations et violemment réprimer quiconque tenterait de s’opposer au BJP. Cette violence s’exprime également par la volonté expansionniste de Modi à travers l’annexion du Cachemire en août dernier. Ce territoire, qui fait l’objet d’un conflit depuis plus de 60 ans avec le Pakistan, est devenu une province indienne après l’abrogation de son statut d’exception. L’escalade des tensions entre l’Inde et le Pakistan, qui possèdent tous les deux l’arme atomique, risque de provoquer un conflit majeur qui pourrait précipiter toute la région dans la guerre. Le nationalisme exacerbé par la haine va provoquer l’anéantissement de populations entières, et les premières victimes seront, encore une fois, celles et ceux qui sont les plus opprimé·es.

En Europe, le modèle salvini

Ce sombre tableau ne serait pas complet sans parler de l’Europe et des victoires à la chaîne des nationalistes et populistes. En Allemagne, Alternative für Deutchland continue son ascension au pouvoir. Après avoir obtenu une douzaine de sièges au parlement, le parti d’extrême droite gagne du terrain au fur et à mesure des élections locales. En Italie, la manœuvre de Salvini de provoquer des élections anticipées a certes échoué mais ce dernier sait que le temps joue en sa faveur. Et la coalition entre les populistes du mouvement 5 étoiles et les sociaux-démocrates ne tiendra pas longtemps.

En Espagne, l’Andalousie a vu le retour des franquistes au parlement local, et au Royaume-Uni, c’est Boris Johnson, ersatz de Trump qui dirige le gouvernement vers un Brexit sans accords. Sans compter qu’en Pologne et en Hongrie les fascistes sont déjà bien installés et ne semblent pas reculer.

Organiser la riposte internationale

La montée de l’extrême-droite au pouvoir est un phénomène qui trouve ses racines dans la violence du capitalisme, du patriarcat, du racisme et de tous les autres systèmes d’oppressions. Le fascisme est l’aboutissement de cette logique mortifère qui vise à « épurer » tout ce qui n’entre pas dans leurs carcans et il doit se combattre ici et maintenant sous peine de voir ressurgir la bête immonde et avec lui son cortège de guerre, de génocide et de misère. Nous nous devons de combattre ses idées partout où elles s’expriment en commençant par soutenir la lutte antifasciste localement et à l’international. Nous devons continuer de dénoncer cette course au nationalisme et au populisme, quel que soit le camp qui le revendique, pour mettre en place une réelle solidarité avec nos camarades qui combattent les oppressions et aspirent, comme nous, à une société égalitaire et solidaire Aujourd’hui comme hier, la lutte antifasciste est internationale  ! No Pasaran !

Commission antifascisme et antiracisme de l’UCL