Travailleuses et travailleurs d’Arcelor-Mittal Liège, osez prendre le contrôle et assumer la gestion de votre entreprise. Vous en êtes capables, c’est vous qui détenez le savoir-être et le savoir faire de l’acier. Cette injonction s’adresse également aux compagnons, aux mères, aux épouses, ceux et celles qui connaitront le cabas vide avant la fin du mois.
Pourquoi cette solution ? Au plan politique : rien de concret. Au départ, le Ministre de l’Economie wallonne joue les gros bras, il menace Mittal d’une note de 800 millions d’euros pour le nettoyage d’un site ….qui existe depuis plus de cent cinquante ans alors que Mittal n’y est installé que depuis une dizaine d’années. On imagine aisément la réponse de l’Indou : une fin de non-recevoir abrupte ! Peu de temps après, la facture est ramenée à 338 millions d’euros. Aujourd’hui, il est question d’un prêt de plus de 130 millions d’euros de la région à Mittal. Au total une différence de près d’un milliard d’euros qu’on atteindra rapidement en comptabilisant les indemnités de chômage payées et qui continueront à l’être longtemps encore. Sans oublier un million d’euros alloués gracieusement à la banque Degroof pour trouver un repreneur : résultat : nul.
Au plan syndical les divergences de vues habituelles entre les deux grandes centrales syndicales. Beaucoup de réunions et de discussions pour aboutir à un résultat aberrant : l’examen au cas par cas de la situation de chaque travailleur ; la négation publique et consentie de l’objectif premier d’un syndicat qui est de rassembler des volontés éparses et faibles individuellement pour contrebalancer la volonté unique, avide et fluctuante d’un patron
Au plan financier, l’examen des comptes et bilans d’Arcelor-Liège (1) en 2010 est révélateur des astuces et mensonges de Mittal. Le premier paragraphe du rapport est l’habituel lamento sur la concurrence chinoise mais un peu plus loin, lorsqu’on examine les participations on peut lire qu’à Genk Arcelor a installé, sans aide extérieure, un outil chinois plus rentable, d’où un gain de un million d’euros pour ce site. L’examen des ratios (2) est plus révélateur encore quand on compare les exercices 2009 et 2010. Le fond de roulement en 2009 est de 1.716.481 euros et peut donc ainsi couvrir le cycle d’exploitation (achats de matières premières et salaires puis ventes). Il est négatif : -1.841.322 en 2010 ; le cycle est couvert par des emprunts….
Le fond de roulement est égal aux Capitaux permanents (Capital, Réserves, Bénéfice reporté et Provisions) au Passif, dans les ressources desquels on ôte les Immobilisations (Immeubles, Matériel et Outillage) à l’Actif, dans les emplois. Voici sans doute une des causes principales des licenciements projetés. La solvabilité (Capitaux propres sur Emprunts) passe de 1,08 en 2009 à 0,227 en 2010. la raison : les emprunts à court terme surtout bondissent de 1,465 milliard à 5,227 ! Pourquoi : pour permettre une substantielle augmentation des Immobilisations financières.
Ici, deux remarques s’imposent : en 2010, Arcelor Mittal Liège est clairement devenue une holding plutôt qu’une entreprise sidérurgique. Selon l’article 7 de la loi-programme du 08.04.2003 et l’article 11 de la Convention Collective n°9 du 09.03.1972, le Comité d’entreprise doit être informé de toute restructuration importante. L’a-t-il été ? En outre l’ONSS est fondé à intervenir pour demander des explications. L’a-t-il fait ? Une remarque importante avant de continuer : une seule loi (proposition vraie et vérifiable partout toujours) existe en économie : pour produire un bien ou un service il faut la conjugaison du travail et du capital. Même mathématiquement démontrées toutes les autres sont fausses quelque part parce qu’on ne peut mettre en équations le comportement des acteurs économiques. Une entreprise est un contrat entre travail et capital pour produire un bien ou un service
En matière contractuelle, lorsqu’une des parties est défaillante, l’autre peut s’y substituer pour continuer l’entreprise.. C’est pourquoi j’invite les travailleurs d’Arcelor à prendre le contrôle de l’entreprise et la continuer. Avec une échelle de salaires se 1 à 3 à partir du salaire le moins élevé (un peu plus de 1600 euros nets par mois). Voila qui rencontre l’objectif de compétitivité dont on nous rebat constamment les oreilles ; il ne faut pas oublier que le salaire moyen ne reflète pas du tout la situation réelle, leur représentation n’est pas une courbe de distribution normale, les hauts salaires (échelles de 1 à 40 et plus) entraînent ce salaire vers le haut.
Il va sans dire que cette échelle devra s’appliquer en aval des installations sidérurgiques, voir même chez les sous-traitants et dans toutes les activités tertiaires de la région. Il serait injuste qu’une seule catégorie de travailleurs se plie à cette discipline qui sera sévère et librement consentie. Prendre le contrôle de l’entreprise ne signifie pas l’instauration du chaos. Le Capital (réel, c’est-à-dire amputé des subsides, dividendes et interets notionnels perçus) appartient toujours à Mittal. Il sera rétribué au taux moyen du livret d’épargne quand il y a bénéfice. Les amortissements (bénéfices engrangés pour compenser l’usure ou l’obsolescence de l’Immobilisé) appartiennent dès lors aux travailleurs.
Je ne vois pas comment Seraing et la Région wallonne oseraient s’opposer à cet acte de courage et quel juge, saisi par un actionnariat dispersé ou lointain, enverrait à la casse des centaines de travailleurs.
En ce qui concerne les moyens monétaires à mettre en œuvre permettez-moi de les garder au chaud pour un commencement d’exécution indispensable.
(1) cliquer BNB, cliquer Centrale des Bilans et introduire le n° d’entreprise : BE 0400 106 291
(2) Un ratio, une fraction souvent, permet de comparer les entreprises entre elles quelle que soit leur taille.
Contribution proposée par Claudanar (voici son blog) un sympathisant de notre collectif