Mardi 26 mai 2015, cela devait être un rassemblement comme les autres pour les collectifs de migrant.es en lutte à Bruxelles devant le Parlement Européen place du Luxembourg où une délégation devait être reçue. Mais c’était sans compter sur la présence du groupuscule néo-nazi Nation et de Laurent Ozon (ex-Front National) qui attendaient les sans-papiers « de pied ferme ».
L’appel à venir perturber le rassemblement des migrant.es avait en réalité été lancé par le Mouvement pour la remigration, le 22 mai dernier. Celui qui dirige ce mouvement n’est pas un inconnu. Il s’agit de Laurent Ozon, propulsé au bureau du FN par Marine Le Pen elle-même en janvier 2011. Celui-ci quittera le Front National quelques mois plus tard désavoué par la présidente du FN suite à ses propos après les attentats d’Oslo. Ozon ex-cadre du FN appartient à la mouvance identitaire française et est l’un des idéologues de « l’invasion migratoire » et de « l’échec de la société multiculturelle », des idées que partage le mouvement Nation.
Laurent Ozon et plusieurs membres du mouvement nation sont donc venus jouer la provocation lors de ce rassemblement. Provocation qui en s’associant avec Nation a rapidement tournée en agression des migrant.es qui tentaient de les faire dégager.
Il fallait plus que quelques nazis dégénérés et un ex-cabinetard frontiste pour faire peur à des sans-papiers en luttes depuis plusieurs mois. Ceux-ci ont repoussé les militants de Nation (gratifiés de quelques coups au passage) qui ont dû fuir la place du Luxembourg protégés comme à leur habitude par la police du capital.
Sur les images diffusées par les camarades présents sur place, on peut voir Laurent Ozon protégé par des membres de Nation. On reconnait les habitués du bras tendu nazions. Ce qui devait être un évènement marketing a failli tourner au pugilat pour les militants identitaires qui ont rapidement été pris de court par les migrant.es qui les ont chassés tels les vulgaires rats qu’ils sont.
L’objectif de ces provocations était claire, provoquer des affrontements et des bagarres pour justifier la thèse d’extrême droite qui associe immigration et criminalité. L’extrême droite assume son rôle d’agents provocateurs, Ozon appelle d’ailleurs sur la page de son mouvement à de nouvelles actions.
Alors que les militants de Nation ont joué le rôle de service d’ordre de Laurent Ozon, ce dernier n’a même pas un petit mot pour eux sur sa page facebook. Pas idiot le Ozon, il ne fait pas bon de s’afficher clairement avec des néo-nazis violents. Mais pas très reconnaissant vis-à-vis de ceux qui ont pris les coups à sa place. Mais il faut dire que les militants de Nation commencent à avoir l’habitude de servir de punching ball…
Les néonazis de Nation sont habitués depuis plus d’un an à se faire dérouter par les militant.es antifascistes. Le 6 avril 2014, ils s’étaient pris une sévère correction en jouant à la milice du Vlaams Belang et du patronat flamand et le 1 mai 2015 la direction de Nation avait eu la mauvaise idée de croiser la route des manifestant.es antifascistes qui leur avaient fait perdre les quelques neurones qui leur restaient.
Groupuscule de quelques dizaines de membre composé de vieux routards de l’extrême-droite belge (leur chef Hervé Van Laethem est un ancien du groupe l’Assaut actif dans les années 90) et de jeune boneheads, leurs cuisants échecs sur le terrain électoral (dépassés de loin par le Partis Populiste de Modrikamen) et dans la rue (leurs manifestations ne rassemblent au maximum qu’une centaine de personnes lorsque le mouvement antifasciste en mobilise plusieurs centaines) semble aujourd’hui les porter de plus en plus vers la violences physiques et les agressions.
L’agression des migrant.es ce 26 mai n’est pas un acte isolé, au contraire Nation suit fidèlement la voie de la violence tracée par ses partenaires au niveau européen. Nation est par exemple membre de l’Alliance pour la Paix et la Liberté fondée le 4 février 2015. Dans cette alliance qui regroupe la fine fleur du fascisme européen comme Aube Dorée, le NPD allemand, les Italiens Forza Nuova ou le parti fasciste Svenskarnas « parti des Suédois » (responsable de l’agression de Showan, militant antiraciste et anti-homophobie en mars 2014).
Ainsi Nation se veut l’organisation sœur d’Aube Dorée en Belgique. Aube Dorée ce parti néo-nazi grec qui s’est fait connaître pour ses nombreuses agressions de migrant.es en Grèce, de militant.es anticapitalistes et pour le meurtre du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas le 18 septembre 2013 qui mène aujourd’hui les principaux leaders d’Aube Dorée devant la Justice.
http://www.youtube.com/watch?v=c1x2FJdejQE
Nation entretient également des liens avec l’ex-organisation française Troisième Voie, groupuscule d’extrême-droite fondé par Serge Ayoub alias batskin (responsable de ratonnades de migrants dans les années 90). Serge Ayoub – qui était l’invité de Nation le 1er mai 2013 – était également le leader des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) dont était membre Estéban Morillo, l’un des assassins de Clément Méric – syndicaliste et antifasciste – le 5 juin 2013 à Paris. Si Troisième Voie et les JNR ont été dissoutes depuis lors, Nation entretien toujours des liens avec ces derniers.
Longtemps bridé par une direction qui privilégiait l’activisme mou et les élections, il semble donc clair aujourd’hui que Nation opte pour une confrontation violente avec les mouvements progressistes. Dans les conditions politiques actuelles, avec une droitisation accrue du discours politique, un racisme systémique de plus en plus affiché par les partis de l’establishment et la précarisation des travailleur.euses, les néo-nazis du groupuscule Nation se placent clairement du côté des patrons, des dominants et des exploiteurs.
Nation n’en est pas à son coup d’essai. Le 1er mai 2014 alors qu’ils occupent encore leur local rue de Laeken, des militants de Nation agressent un homme passant devant le bâtiment pour des motifs racistes. Ce dernier blessé, sera emmené à l’hôpital en ambulance.
Dans son obsession raciste et islamophobe Nation soutien également les mobilisations de Sauvons Calais qui organise depuis des mois des mobilisations « anti-migrants » qui visent à harceler les sans-papiers présents à Calais et dont les ratonnades racistes et les attaques de squats sont menées avec la complicité passive des autorités locales.
En s’en prenant aux sans-papiers (groupe qui subit le racisme institutionnel permanent et la surexploitation au travail), comme lorsqu’en avril 2014 ils ont défendu le Vlaams Belang et le patronat flamand, les militants de Nation montrent qu’ils assument de plus en plus le rôle de milice violente de la classe dominante. Idiots utiles de la bourgeoisie, il n’y a que quelques boneheads influençables pour penser que Nation est « antisystème ».
Car combattre le système c’est lutter contre les vrais ennemis de la classe ouvrière. La bourgeoisie nationale et internationale qui exploite les travailleurs.euses, belges comme immigrés et qui cherche à diviser la classe ouvrière. Les vrais antisystèmes vont au charbon chaque jour de la semaine comme le font les militant.es anticapitalistes et combattent les partis représentant les différentes franges du capitalisme, du PS au MR en passant par la NVA.
A l’heure où l’extrême-droite gagne du terrain en Europe et ou la classe dominante organise une offensive patronale contre nos acquis sociaux et criminalise la contestation sociale, le combat contre le fascisme et le racisme n’est pas une lutte marginale. Il est plus que nécessaire de lutter contre le capitalisme et ses effets morbides sur nos vies, mais aussi ne pas laisser de place à l’extrême-droite pour propager leur idées en faveur des intérêts des classes dominantes.
Hier les fascistes s’attaquaient aux militant.es antifascistes, aujourd’hui ils s’attaquent aux sans-papiers, demain ce seront tous.tes les travailleurs.euses en lutte et tous les progressifs qu’ils combattront !
Soyons clair, nous n’attendons rien des décideurs politiques, l’extrême-droite se combat dans la rue et par la lutte sociale. Comme nous l’avons toujours fait, c’est par l’autodéfense populaire que nous chasserons les fascistes de nos vies !
Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !
Antifascisme radical et populaire !