Par Lombardi (AL BXL)
« Peu importe que la guerre soit réellement déclarée et, puisque aucune victoire décisive n’est possible, peu importe qu’elle soit victorieuse ou non. Tout ce qui est nécessaire, c’est que l’état de guerre existe. » – George Orwell
Depuis novembre 2016, et singulièrement depuis les attentats de Bruxelles, nous vivons « l’Etat d’Urgence » à la Belge. Cet ensemble de mesures vise parait-il à lutter contre le terrorisme. Pourtant les attentats de Zaventem et du métro Maelbeek le 22 mars 2016 nous ont prouvé l’inefficacité du flicage généralisé.
Par contre, la manipulation de la peur et du terrorisme est une stratégie qui s’avère payante pour le gouvernement et l’état néolibéral. Alors que la classe politique détricote depuis des décennies l’état social. Le discours sécuritaire permet quant à lui de bâtir un état autoritaire et répressif.
Les premières cibles des politiques sécuritaires n’ont pas été les terroristes mais l’ensemble des musulman-e-s et des précaires. Sous couvert de mission de sécurisation, il s’agit en fait d’une véritable occupation militaire de nos rues et de nos quartiers souvent les plus pauvres de Bruxelles.
1.250 militaires (1800 il y a encore quelques mois) dans nos rues, c’est autant d’effectifs supplémentaires dédiés au « maintien de l’ordre » et au renforcement de l’état policier. Les militaires n’ont pas qu’un rôle de surveillance, ils interviennent en appui aux policiers en mission avec la même haine des pauvres et des racisé-e-s.
Les mouvements sociaux paient également le prix des politiques sécuritaires. Le « terrorisme » est l’occasion rêvée par l’état et ses institutions pour légitimer le renforcement d’un état répressif. Les militant-e-s politiques en font les frais depuis plusieurs mois. Forte de la légitimité que lui donne les élites dirigeantes, la police semble bénéficier d’une pleine impunité, celle-ci attaque et réprime de plus en plus systématiquement les mobilisations à l’image de la récente Reclaim The Night le 11 février dernier, ou des mobilisations antifascistes à la Bourse le 2 avril dernier 2016 et celle contre le local nazi en décembre de la même année.
Les lois antiterroristes, qui ne cessent de s’accroitre, permettent aujourd’hui à l’état de poursuivre 12 militant-e-s anarchistes pour terrorisme. Les mesures décidées par le gouvernement pour prétendument donner les moyen à la police et à la justice de repérer des terroristes permettent avant tout de poursuivre des militant-e-s politiques et demain sans doute si le gouvernement restreint encore plus le cadre de l’action syndicale, des syndicalistes et des grévistes.
Face à un état qui n’est pas neutre, ces dispositifs antiterroristes sont autant d’arme dans les mains de l’état et des patrons pour réprimer toute contestation sociale et révolte face à la précarité grandissante.
Une partie de la classe politique et de l’appareil d’état n’est pourtant pas entièrement satisfaite de toutes ces mesures liberticides. Certains exigent un état encore plus autoritaire et raciste à l’image d’un Donald Trump portée au pouvoir par la bourgeoisie industrielle américaine.
La police, elle-même, réclame encore plus de moyens et d’impunité. Deux éléments que lui promet l’extrême droite. Cette proximité de conscience et d’intérêt explique pourquoi une partie de l’appareil policier ferme les yeux et tolère les mobilisations fascistes et ses appels au « nettoyage ethnique » à Molenbeek alors qu’elle tabasse et arrête les militant-e-s antiracistes et antifascistes.
Dans sa lutte contre le « terrorisme », l’état révèle sa vraie nature. Autoritaire, répressive, sexiste, raciste et classiste.
L’état sécuritaire n’est que le prolongement –en pire- de la logique néolibérale. Moins d’état social, plus d’état répressif.
Dès lors, il semble que toutes stratégies révolutionnaires crédibles doivent appeler ;
– À l’auto-organisation des habitant-e-s des quartiers populaires contre les violences policières.
– À la reprise des luttes sociales. Non pas pour sauvegarder la prétendue concertation sociale que les patrons ont déjà brisé depuis 30 ans, mais pour lutter contre la précarisation de nos vies.
– A l’autogestion afin de rompre avec l’état et le capitalisme.
– A la lutte contre l’ensemble des oppressions. Racisme d’état (et particulièrement l’islamophobie), sexisme, homophobie, etc.
– A un antifascisme radical et populaire.