Cette société déprimée, résignée, amère, que le capitalisme fait crever à petit feu, a besoin d’un choc salvateur. D’une conflagration sociale de grande ampleur. D’un ras le bol généralisé et dévastateur. D’un retour fracassant des classes populaires sur la scène politique. D’un triomphe de la gauche de la rue. D’un réveil de la conscience et de la confiance dans l’action directe. D’une régénération du mouvement syndical. D’une solidarité de classe, antiraciste, féministe, à toute épreuve.
Pour toutes ces raisons il nous faut un nouveau Mai 68… mais – rêvons un peu – un Mai qui aille jusqu’au bout cette fois !
Non, cette fois, il faut que ça parte pour de bon. Qu’on ne se contente pas d’une grève générale qui fasse péter tous les scores avant de s’étioler, mais qu’on redémarre les entreprises pour les mettre au service exclusif de la population. C’est dès à présent que l’autogestion doit devenir le mot d’ordre central, que les comités d’action dans les quartiers, dans les entreprises, dans les universités, doivent se constituer en force politique, que le pouvoir populaire doit concurrencer, puis démanteler le pouvoir d’État.
Il faudra en passer par là pour édifier une société communiste et libertaire.
Et même si ce nouveau Mai 68 se termine, comme le précédent, en queue de poisson, même s’il se contente d’amorcer une nouvelle décennie rouge, nous n’aurons pas perdu notre temps. Nous aurons au moins réveillé cette société déprimée, résignée, amère, que le capitalisme fait crever à petit feu, et qui a tant besoin d’un choc salvateur.