par Arthur (commission internationale d’AL)
L’annonce par Trump du retrait des troupes US et l’assentiment tacite par Poutine aux projets d’invasion d’Erdogan ont tonné comme un coup de semonce dans le ciel du nord de la Syrie.
Ces nouvelles données annoncent la fin d’un accord tactique entre les forces révolutionnaires du nord de la Syrie et le soutien intéressé qu’ont pu leur apporter une partie des acteurs internationaux (Russie, France et États-Unis). Les raisons en sont complexes : Trump veut retirer au plus vite ses troupes pour s’enorgueillir d’une victoire contre l’État islamique mais aussi essayer de calmer la Turquie, son allié au sein de l’Otan, qui n’a jamais accepté le soutien militaire américain à des forces armées menées par des combattantes et combattants kurdes.
Poutine, en donnant son assentiment à l’invasion turque cherche à l’inverse à fissurer le bloc de l’Otan en rapprochant la Turquie de son giron. Il est à noter toutefois qu’une partie de l’État profond étasunien semble manœuvrer pour, à tout le moins, ralentir ce retrait. Il ne s’agit bien sûr pas d’un quelconque intérêt pour le confédéralisme démocratique développé au nord de la Syrie mais d’un calcul pour maintenir leur présence au nord de la Syrie, principalement pour empêcher la réémergence de Daech mais aussi contrebalancer l’influence de l’Iran sur la Syrie.
L’inefficacité de l’Onu dans le dossier syrien
Dans ce marasme géopolitique, quelles sont les chances pour les forces progressistes de maintenir leurs acquis ? Il semble que la stratégie du PYD (parti majoritaire au nord de la Syrie) soit de jouer la carte de la négociation avec le régime de Damas. Ce n’est clairement pas la solution la plus enviable, néanmoins face à la Turquie, deuxième armée de l’Otan, qui cherche à détruire leur projet par tous les moyens, au désintérêt des puissances impérialistes, à la faiblesse endémique des forces révolutionnaires internationales et à l’inefficacité ineffable de l’Onu dans le dossier syrien, la seule voie pour eux semble de trouver un compromis avec Bachar Al-Assad.
Dans les négociations avec Damas, les peuples du nord de la Syrie courent le risque de perdre pas mal des acquis qu’ils ont pu obtenir lors de la guerre civile. Malgré cela, on peut espérer que l’implantation des expériences démocratiques durant ces années d’autonomie soit suffisante pour empêcher Damas de pouvoir réimplanter sa domination étatique même si un accord était trouvé.
Le régime semble se diriger vers une victoire dans cette guerre civile, mais il en sort aussi incroyablement affaibli (économiquement et militairement). Cela permet de douter de sa capacité à rétablir une autorité réelle sur ses territoires au nord la Syrie. Surtout qu’au vu de sa stratégie lors de la guerre civile, le Rojava ne semble pas la priorité dans son agenda. Soyons honnête, ce choix est cornélien et nul d’entre nous n’aimerait à avoir le faire.
Le plus grand espoir pour le projet du confédéralisme démocratique reste son extension en Turquie et en Irak, ce serait la meilleure garantie pour la révolution de conserver ses acquis.