Par Nara (AL Toulouse)

Dans l’État espagnol, avec une participation massive à la grève générale et aux mobilisations du 8 mars 2019, le féminisme a démontré, une nouvelle fois, sa force puissante et transversale pour dénoncer la complicité entre capitalisme et patriarcat. « Sin nosotras el mundo no funciona », le slogan des féministes espagnoles, n’a jamais été aussi juste.

L’an dernier, 6 millions de personnes avaient participé aux mobilisations du 8 mars dans la péninsule ibérique ; cette année on parle du double. [1] En première ligne, des millions de femmes ont occupé l’espace public, faisant ainsi un pas en avant irréversible dans le processus de lutte pour l’égalité et l’émancipation totale. Tout au long de 2018 des mobilisations se sont organisées, contre la « justice » patriarcale, pour la dépénalisation de l’avortement, contre la violence sexuelle et les violences machistes, construisant une lutte au caractère international et global particulièrement affirmé.

Contre le capitalisme et le patriarcat

Contre les femmes, le capitalisme est un allié majeur du patriarcat ; c’est par la grève qu’il faut les combattre. C’est pourquoi la Confederacion General del Trabajo (CGT) a, une nouvelle fois, appelé le 8 mars à une grève générale contre tous les abus du système capitaliste et patriarcal : une grève de la production qui paralyse ce système exploiteur et asservissant ; une grève de la consommation qui affecte un élément essentiel du capitalisme globalisé du XXIe siècle ; une grève des soins et travaux domestiques qui met en exergue la complicité du capitalisme et du patriarcat qui relèguent les femmes à des rôles de service, reproductifs, secondaires ; une grève étudiante qui paralyse le système éducatif machiste. Dans tout l’État espagnol, des rassemblements massifs ont eu lieu, de nombreux axes routiers ont été coupés. Selon la CGT, le taux de grévistes a atteint 75 % dans les secteurs professionnels très féminisés comme l’éducation, la santé et le télémarketing ; 40 % dans le métro de Barcelone, 15 % dans les bus… Par rapport à l’an dernier, il faut souligner l’augmentation du nombre de grévistes dans des secteurs peu féminisés comme l’industrie et les transports. Nous n’oublions pas toutes les femmes qui ne peuvent pas exercer leur droit fondamental de grève : les femmes privées de liberté, exploitées à travers leur travail dans des prisons privatisées ; les femmes migrantes et réfugiées, victimes de tous types d’abus et violences machistes ; les femmes précaires dont le salaire ne garantit pas la survie ; et surtout celles qui ont été tuées à jamais, assassinées par le machisme, le patriarcat et le capitalisme. Pour la CGT de l’État espagnol et les organisations du Réseau syndical international de solidarité et de luttes [2], « le féminisme occupe une place croissante dans les lieux de travail dénonçant les différences salariales et la violence structurelle du système capitaliste dont les femmes sont doublement victimes ; le féminisme est une lutte syndicale ».

Buenos Aires, épicentre américain du 8 mars

Cette nouvelle phase des luttes féministes a démarré sur le continent américain, plus précisément en Argentine en 2015, lorsque « Ni una menos » est né. [3] Puis, le viol et assassinat de Lucia Perez, mirent tristement la question des violences machistes au centre des luttes dans le pays, donnant au combat pour le droit à l’avortement légal et gratuit une toute autre dimension et urgence. Ce 8 mars 2019, elles étaient plusieurs centaines de milliers à manifester dans les rues de Buenos Aires.

La remise en cause des droits arrachés par des décennies de luttes que prônent tant Bolsonaro au Brésil que la formation d’ultra droite Vox en Andalousie, le discours ouvertement misogyne de Trump, la négation des droits des femmes par bien des régimes politiques en place à travers le monde, etc. Tout cela a fait de ce 8 mars 2019 une démonstration de force contre l’extrême droite, le capitalisme et le patriarcat. La lutte des femmes est universelle et elle ne recule plus !

AL, Le Mensuel, avril 2019