[Communiqué de notre front antifasciste, suite au meurtre d’Adil]
Alors que l’incompétence, doublée à la négligence sanitaire de l’État est révélée, que des centaines de malades, nos aîné.e.s pour la plupart, sont laissé.e.s pour compte et abandonné.e.s à mourir sans soins hospitaliers, les mesures d’oppression, les contrôles et les interpellations, eux, s’abattent de plein fouet sur les classes populaires, les autorités tirant bénéfice de l’arbitraire des mesures de confinement pour intimider et terroriser la population.
Les gouvernements et leurs forces de l’ordre profitent actuellement de cette crise pour exercer une répression accrue, tout en semant la discorde sociale.
Les quartiers populaires de Bruxelles et ses habitants issus de l’immigration sont, comme d’habitude, les principales cibles et les premières victimes de cette violence, qui une fois de plus a tué.
Alors qu’il était poursuivi sans véritable motif par les criminels en uniforme, Adil tentait de s’échapper comme chacun devant le danger. Devant son camarade rescapé, un policier aurait clamé : « On l’a eu, on l’a percuté ! ».
L’histoire est malheureusement trop courante. À chaque fois que la police frappe, mutile ou assassine dans les quartiers populaires, elle tente de camoufler ses exactions en jetant le discrédit sur ses victimes. Elle diffuse sa version des faits que les médias et les politiciens s’empressent de relayer, étouffant tout récit discordant.
Se sachant protégée par une justice complice, elle réprime impunément.
Manifestement, la mort d’Adil entre les mains des flics ne suffit pas : ces derniers jours, le pouvoir tente, par la voie de ses petits soldats, de tuer également sa mémoire partout où elle serait visible, comme ils l’ont fait pour Mehdi l’été dernier, et pour Mawda quelques mois auparavant.
Les violences policières ne sont pas des « bavures » commises par quelques « brebis galeuses » comme les médias aux ordres du pouvoir tentent de nous le faire croire. Elles relèvent en réalité d’une domination policière qui fait des pauvres, des racisés, des SDF, des femmes, un corps menaçant à contrôler, à surveiller et à punir. La doctrine du maintien de l’ordre est construite sur cette violence institutionnalisée contre les classes populaires et sur la criminalisation des pauvres qui voient leurs conditions de vie se précariser sous le poids des politiques néolibérales et la gentrification des quartiers populaires.
Car les mutilations, les passages à tabac et in fine les assassinats policiers ne sont que les conséquences directes des politiques sécuritaires, promues à coup de « Plan Canal » depuis plusieurs décennies et qui trouvent de plus en plus de soutien dans la classe politique.
Cette différence de traitement social et policier a atteint son paroxysme avec la mort d’Adil. Dès le lendemain, les jeunes de Cureghem ont organisé un rassemblement en mémoire d’un dès leurs. L’initiative a été accueillie à coups de matraques, d’auto-pompes, de gaz lacrymogènes et de colsons. La réaction policière ne consistait pas tant à faire respecter le confinement qu’à tuer dans l’œuf tout embryon d’auto-organisation.
La social-démocratie s’évertue depuis un demi-siècle à canaliser toutes les initiatives au sein du giron communal ou associatif pour mieux en neutraliser leur portée contestatrice.
Des décennies de paternalisme néocolonial promu par les barons socialistes et libéraux dans les quartiers, ne saurait tolérer qu’on remette en question leur pouvoir, pire, qu’on s’organise en dehors de l’espace politique autorisé et encadré par les gardiens de la paix et autres éducateurs de rue…
Celles et ceux qui se réclament sincèrement du mouvement
ouvrier doivent comprendre que l’enjeu, au-delà du spectacle émeutier, réside dans la construction d’une politique autonome par et pour les quartiers populaires. Ces derniers ne sont pas des déserts politiques dans lesquels il faudrait apporter la bonne parole.
Cela, pour nous, signifie en premier lieu que notre colère doit rencontrer l’agenda des groupes sociaux qui subissent cette domination, et non l’inverse.
Gardons aussi à l’esprit que nous ne resterons pas éternellement confiné.e.s et que notre colère, elle, ne l’est pas. Elle l’est d’autant moins dans les quartiers où l’on ressent au quotidien l’injustice à être assigné à domicile. On étouffe moins sur l’Avenue Molière que Chaussée de Mons où une entorse à la règle peut vous couter la vie tandis que le bourgeois profite de son jardin et de la bienveillance policière.
Contre l’infamie de leurs actes irréparables, envers la répression présente, et défiant par nos moyens leurs desseins à venir, nous nous joignons donc à la colère spontanée des rues, et appelons camarades, militants.es mais aussi n’importe-quelle personne dotée d’humanité à montrer sa solidarité par son soutien aux différents appels pour la mémoire d’Adil.
Décorons dès lors nos fenêtres et nos rues de son nom et exprimons notre solidarité dès que possible, autant que possibl,e et par tous les moyens nécessaires afin de briser l’omerta.
Réclamons #JusticePourAdil et pour toutes les victimes de la police et mobilisons-nous pour contrecarrer la gestion coloniale et répressive des quartiers populaires.
Ni oubli, ni pardon
Front antifa de l’union communiste libertaire