État espagnol : Résistance populaire à La Cañada Real

Par Jérémie (AL Gard)

125617-943-550Médiatisé et stigmatisé comme « le quartier des 12 000 doses d’héroïne quotidiennes » de la région de Madrid, La Cañada Real est aussi un quartier ouvrier riche de quelque 8 000 personnes qui y vivent et y résistent. Entre trafic de drogue, violence des cartels, des junkies et de la police, mais aussi le spectre de douteux jeux de spéculation immobilière, sa population prend son destin en main et s’organise.

Le 16 décembre 2016, sous une pluie battante, un millier d’habitantes et habitants du barrio obrero [1] de La Cañada Real, situé en périphérie de Madrid, manifestait sa colère devant les portes du conseil départemental de la capitale ibérique. À leurs côtés, des membres d’associations de quartiers voisins, comme celui de Vallecas, ou encore des militantes et militants de la Marche de la dignité. Cette manifestation faisait suite à une première action, le 16 novembre, où des centaines de personnes avaient bloqué l’entrée de leur quartier, à l’aide de barricades et des pneus enflammés.

Un double enjeu justifie la mobilisation des associations de La Cañada Real. Tout d’abord, le sentiment d’être tenu à l’écart de toutes les décisions concernant leur avenir en tant que quartier, et ce en dépit des promesses des élu.es « progressistes » de Podemos ou de IU [2]. La rumeur, aussi et surtout, de la destruction prochaine de 80 à 90 % des logements, avec comme perspective la mise sur pied d’un macro-projet immobilier avec des complexes hôteliers de luxe, un terrain de golf et des centres commerciaux divers. Une logique de destruction qui a, d’ailleurs, commencé puisque, selon un des animateurs de ­l’Association de quartier, Juan José Escribano, pas moins de 150 familles auraient vu leurs logements mis à bas ces derniers mois.

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Anarchisme en Belgique (1) : Le mouvement libertaire belge doit se refonder

Par Julien Clamence (AL Bruxelles)

Erratum : Contrairement à ce qu’il est annoncé dans le Mensuel d’AL France, il ne s’agit pas d’un article collectif mais d’une analyse écrite à titre individuelle. Par ailleurs, nous portons à l’attention des lecteurs-trices, qu’il s’agit d’un court article qui s’adresse avant tout à des camarades français-e-s non initié-e-s à la complexité de la culture politique en Belgique, l’article se veut donc synthétique et passe sans doute sous silence une partie de la diversité et la complexité des pratiques au sein du mouvement anarchiste belge francophone. 

d3805c785da758e0769be7fded5fa152-1475151987La Belgique est un laboratoire de l’atomisation sociale et de « l’individu forteresse », complétés par une culture politique du consensus, sans véritable équivalent en France. Notre tâche est donc unique et c’est pour partager son expérience particulière et les défis spécifiques auxquels il est confronté que l’auteur lance cette série d’article destinés à ses camarades français.

L’anarchisme, en Belgique, est à l’image des milieux radicaux et révolutionnaires du pays : éclaté, géographiquement et politiquement, en mal d’une histoire à laquelle se raccrocher et meurtri par l’absence de mouvement populaire de masse.

Nos camarades français ont sans doute du mal à s’imaginer l’état de délabrement intellectuel de la Belgique ; coupée en deux par la frontière linguistique, au-dessus de laquelle Wallons et Flamands s’ignorent superbement, subdivisée en une multitude de niveaux de pouvoirs institutionnels qui la rendent incompréhensible aux yeux étrangers et qui nourrissent une cohorte de politiciens professionnels, elle n’a ni l’unité culturelle de la France, ni sa (très relative) variété médiatico­-éditoriale.

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La loi travail, ultime stade de la crise capitaliste

Flo (AL Marne)

DSCF0976En Belgique comme en France, les mesures défendues le gouvernement s’inscrivent dans un long processus de mesures néolibérales visant à accroître les profits, diminuer les salaires et saper la protection sociale. Cette volonté de profit s’inscrit dans le contexte d’un capitalisme en crise, dont les solutions palliatives ont démontré leurs limites. À nous d’inscrire les combats d’aujourd’hui dans le cadre d’un projet de société émancipée dans l’avenir.

La loi travail s’inscrit dans la continuité des réformes néolibérales menées par les gouvernements successifs depuis le tournant marqué par la mise en place du gouvernement Martens-Gol en 1982. La crise de 1974 s’est traduite par le constat de l’échec des politiques keynésiennes (investissements de l’État pour stimuler la production et la consommation) et redistributives (hausses des salaires), dont les limites se sont révélées dans les années 1980. La chute des taux de profit et les ralentissements de la croissance ont entraîné l’impossibilité d’assurer à la fois investissement, protection sociale et remboursement de la dette croissante de l’État, liée aux politiques sociales keynésiennes d’avant crise.

Le projet néolibéral était alors de redresser les taux de profit par tous les moyens, en jouant sur tous les leviers d’augmentation de la plus-value, c’est-à-dire sur tout ce qui permet de produire autant ou plus sans dépenser davantage, ou en dépensant moins, notamment au niveau des salaires. En découlent des politiques visant la flexibilité à l’embauche et la facilitation des licenciements, la diminution des salaires, l’augmentation du temps de travail sans hausse de salaires, l’intensification des cadences, la hausse de la productivité technique, les délocalisations. En découlent aussi les logiques de démantèlement des acquis salariaux, les réductions de taxes sur les entreprises, (en réduisant les budgets des services de l’État), ainsi que les cadeaux fiscaux faits aux patrons (pour stimuler la production et l’embauche).

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Grèce : Quelles suites à la victoire du « non » ?

11695409_1645274379018830_6784248538103977440_nAvec les anarcho-syndicalistes grecs, Alternative libertaire appelle à « transformer la défaite du capital en une victoire réelle de la classe ouvrière ». Il faut socialiser les banques, confisquer les entreprises qui ont fait du chantage au salaire et procédé à des lock-out déguisés, et les placer sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs. Rompre avec le capitalisme est la seule façon de sortir de la crise.

Lors du référendum organisé par le gouvernement Tsipras le 5 juillet 2015, le peuple grec a massivement dit « non » au plan d’accord soumis par la Troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) lors de la réunion de l’Eurogroupe du 25 juin 2015.

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Yannis Androulidakis (anarcho-syndicaliste grec) : « La politique ne change pas par les gouvernements »

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photo Yannis Androulidakis

Yannis Androulidakis, de l’Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante, nous parle de la situation politique et sociale en Grèce, du gouvernement Syriza et de l’état du mouvement social et libertaire grec.

Quel est le climat politique général depuis l’élection de Syriza, quelles mesures ont été prises et comment qualifier leur politique ?

Yannis Androulidakis : Au tout début, nous avons assisté à une grande montée d’enthousiasme d’une partie de la société, mais cela se fondait surtout sur la défaite de l’odieux gouvernement Samaras (coalition d’union nationale droite/socialistes) et de quelques actions de communications spectaculaires de la part du ministre des Finances Yannis Varoufakis.

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