Par Commission Journal
Fondé à Bruxelles en mars 2013 le Collectif Alternative Libertaire Bruxelles est l’une des organisations révolutionnaires les plus récentes en Belgique. Organisation Communiste libertaire, ses militants sont pourtant présents dans les luttes sociales depuis plusieurs années. Pour le blog d’AL Bruxelles nous avons interviewé l’un des militants à la base de la création du collectif. Pour nous, il revient sur le lancement d’une telle organisation, les moments marquant de l’histoire du Collectif et les projets futurs.
Pourquoi avoir lancé un Collectif Alternative Libertaire ?
D’abord, je tiens à préciser qu’il s’agit d’une expérience collective, d’une rencontre entre militant-e-s libertaires et anarcho-syndicalistes. Nous luttons de là où nous nous trouvons comme militant-e-s syndicaux, travailleurs-euses, étudiant-e-s, femmes, chômeurs-euses, précaires, etc. à la fois contre le capitalisme, l’exploitation et la destruction des acquis sociaux mais également en tant que syndicalistes libertaires, nous luttons pour la démocratie dans nos syndicats, pour le contrôle ouvrier contre la bureaucratie et le réformisme. C’est ce qui à la base nous rassemble tous et toutes, une certaine conception du syndicalisme de lutte, démocratique et autogestionnaire que nous essayons d’appliquer et de partager dans nos sections syndicales.
Pourquoi avoir lancé une organisation anarchiste ?
Parce que même si notre activité syndicale était à la base de notre action politique, nous ne l’envisagions pas en vase clos. Il existe fort heureusement de nombreuses formes de lutte en dehors des syndicats. Notamment un foisonnement d’expériences anarchistes avec lesquels nous avons beaucoup de liens. Mais en même temps, en tant que libertaires et même si nous avons un infini respect pour ceux et celles qui luttent, nous ne nous retrouvions pas dans leur conception à la fois pratique et théorique de l’anarchisme.
Ce qui nous déplaisait, c’était une certaine forme d’élitisme et de purisme. Par exemple, le fait de ne s’organiser que de manière affinitaire. Si bien qu’à Bruxelles, pour quelqu’un qui se sent anarchiste il est très difficile de s’immiscer dans ce milieu. Nous au contraire, ce que nous voulions en créant notre collectif, c’est redonner aux idées et aux pratiques anarchistes une visibilité. Nous voulions sortir de l’entre-soi et d’une certaine forme de complaisance pour l’illégalisme et pour les luttes en marge des mouvements sociaux. Nous voulions inscrire pleinement les pratiques libertaires dans les luttes sociales, sur les lieux de travail, dans les quartiers, etc. Nous pensons que c’est en sortant de l’isolement que l’on pourra au mieux faire connaitre les idées et les pratiques anarchistes trop souvent réduites à des clichés et à l’action minoritaire alors que lorsqu’on regarde la riche histoire des mouvements anarchistes, l’action de masse des anarchistes est la norme et non pas l’exception. Que l’on pense simplement à la CNT en Espagne dans les années 30, c’est 1,5 million de travailleurs. Ou même à la CGT française au 19ème et 20ème siècle où les anarchistes contribuèrent à rendre évident la grève générale.
Que signifie « donner un visage public » ?
C’est montrer qu’en tant qu’anarchistes nous pouvons travailler dans des luttes sociales, que nous pouvons être à l’initiative ou simplement partager nos pratiques pour rendre ces luttes plus démocratiques, et aussi en même temps contrer l’influence de ceux qui cherchent à les noyauter ou à les ralentir. Nous n’avons aucune ambition électorale, nous croyons en la lutte des classes et en l’auto-organisation. Il s’agit d’une croyance très forte chez les anarchistes. Les gens ne sont pas stupides, ils ont tout à fait conscience de l’exploitation et l’oppression qu’ils subissent et ils peuvent s’organiser pour lutter contre le capitalisme et les autres formes d’oppression. Pas besoin d’un parti ou d’une avant-garde pour les commander.
Mais on ne peut pas à la fois croire dans la capacité de l’action humaine et rester entre-soi et maudire les exploité-e-s jugé-e-s trop réformistes. Au contraire, il faut lutter ouvertement contre la résignation et contre l’idéologie dominante qui veut que d’autres choisissent à notre place, que ce soit des représentants ou des partis. Nous pensons que c’est dans et par la lutte que les gens deviennent révolutionnaires et que les mouvements sociaux peuvent se faire entendre et devenir une force de changement politique et social. Mais pour ça il faut avoir pignon sur rue.
L’invisibilité des anarchistes en Belgique ne s’explique pas par leur petit nombre (il et elles sont en réalité nombreux) mais par le manque d’organisation et par des conceptions individualistes. Toute forme d’organisation structurée est perçue comme autant de signe d’autoritarisme. Il y a beaucoup de tabous (organisation, programme, manifeste, etc), de mots proscrits de manière dogmatique sans que personne ne se pose réellement la question du bien fondé de ces tabous. Ce que nous disons c’est que si les anarchistes veulent redevenir une force de changement social, il faut s’organiser pour lutter « avec le peuple » pour reprendre l’idée de l’anarchiste Fernand Pelloutier. S’organiser, non pas au sein d’un parti, mais comme l’ont fait de nombreux anarchistes depuis des siècles au sein d’une organisation horizontale et appliquant la démocratie directe. C’est au nord du pays que les camarades anarchistes ont le mieux compris cela puisque ces dernières années on voit fleurir des collectifs anarchistes à Louvain ou au Gand par exemple.
Tu parlais de lutte des classes, les anarchistes se reconnaissent-ils dans cette conception ?
S’il est vrai qu’on voit souvent en Karl Marx le principal théoricien de la lutte des classes (le fait que dans les sociétés capitaliste ils y a une classe, la bourgeoisie – les patrons- qui exploitent une autre classe, les travailleurs – ceux qui ne possèdent rien si ce n’est leur force de travail) l’anarchisme a pourtant une longue tradition de la lutte des classes. On oublie souvent que des anarchistes de premier ordre comme Bakounine ou Carlo Cafiero on fait un travail important d’interprétation des écrits de Marx. Ce qu’ils reprochaient à Marx c’est sont autoritarisme, mais ça ne délégitime pas son analyse économique. D’ailleurs les anarchistes se nommaient eux-mêmes communistes libertaires en opposition à ce qu’ils appelaient les communistes autoritaires. Comme Marx, ils étaient d’accord sur le fait que le but était la révolution qui détruirait l’économie capitaliste et le salariat pour arriver à une société sans exploitation. Mais les anarchistes n’étaient pas d’accord sur les méthodes et les pratiques politiques, notamment sur le l’idée de l’absolue nécessité d’un parti avec une avant-garde éclairée ou la rupture entre la lutte économique et la lutte politique.
Notre conception de la lutte des classes passe donc par la lutte sociale. C’est à travers cette conception que nous développons notre action politique contrairement à certains partis dont toute la stratégie est basée sur des calculs électoraux et non pas sur la construction des mouvements sociaux. Pour eux, les élections sont l’objectif dont va dépendre toute action politique. Nous envisageons la gauche comme une force sociale qu’il s’agit de reconstruire après des décennies de néo-libéralisme. Cela passe par la construction de fronts anticapitalistes, de luttes sociales autonomes, l’indépendance syndicale… Pour eux, seul le résultat électoral compte. Or nous nous posons la question en d’autres termes, « comment lutter concrètement contre toutes politiques qui empirent nos conditions de vie ? »
Quelles-sont vos ’influences ?
Ce qui fait la richesse de la tradition anarchiste c’est sa diversité. Quand je disais que nous ne nous retrouvions pas dans le milieu anarchiste actuel, cela ne signifie pas par exemple que nous le rejetons, au contraire. Il y a énormément de pratiques qui mériteraient simplement d’être mieux connues. De la même manière, dans notre Collectif nous essayons de faire valoir cette diversité. Nous sommes influencés par de nombreux courants, notamment le communisme anti-léniniste, le communisme de conseils allemands et hollandais, le début de la révolution russe d’inspiration libertaire en 1917, l’insurrection de Kronstadt, la Maknovchina en Ukraine, l’autogestion espagnole en 1936, etc. qui s’opposèrent tous à l’autoritarisme de Lénine, Trotski, Staline et plus généralement des communistes autoritaires.
Dans la tradition anarchiste, le communisme libertaire est l’une des voix possibles, celle de l’anarchisme ouvrier et social, et c’est dans celle-ci que nous nous reconnaissons pleinement.
Ne nous perdons pas trop dans des considérations historiques et abstraites. Quelles sont vos modes d’action ?
Tout ce que nous faisons tend à montrer qu’ici et maintenant on peut lutter concrètement. On peut à la fois être immergé dans des luttes concrètes, sur nos lieux de travail, dans nos quartiers ou plus généralement dans la société et en même temps avoir un discours révolutionnaire et avoir des actions de masses tout en appliquant le principe d’autogestion. Nous appliquons les mots d’ordre des anarchistes sociaux, la lutte pour l’amélioration immédiate des conditions de vie et la révolution sociale et libertaire.
De cette réalité concrète, vécue par des millions d’entre-nous, nous entendons créer une nouvelle utopie et un autre monde. Nous sommes porteurs d’un projet politique révolutionnaire. Nous essayons de nous départir de cette fausse image de l’anarchiste casseur et antisocial pour au contraire, montrer que nous voulons construire un autre horizon. Un projet anticapitaliste bien-sur mais également féministe, antiraciste, anticolonialiste et internationaliste.
Tu parlais plus haut de rompre avec les clichés dont sont affublés les anarchistes, qu’est ce que cela signifie ?
On caractérise souvent l’anarchisme de doux rêveurs détachés de la réalité du monde voire de « petits bourgeois » de manière condescendante par d’autres courants. Or nous ne nous reconnaissons pas dans cette caricature. Bien au contraire, nous avons le sentiment d’être pragmatiques et d’être bien conscients de la violence vécue par les classes populaires en Belgique. Beaucoup de nos militant-e-s sont eux-mêmes issus de ce qu’on appelle la classe ouvrière, des quartiers populaires de Bruxelles et de l’immigration de travail. Nous sommes pour la plupart fils et filles d’ouvriers. Et donc la preuve même que l’anarchisme social existe encore.
De la même manière, on a trop longtemps enfermé l’anarchisme dans une morale ou simple philosophie, naïve et individuelle. Si nous ne nions pas l’importante contribution éthique de l’anarchisme, nous considérons avant tout que l’anarchisme est une pratique politique qui découle de l’analyse des réalités matérielles de nos sociétés modernes. C’est donc une pratique de la lutte sociale et qui n’a de sens que collectivement.
Quel est la ligne politique d’Alternative Libertaire Bruxelles ?
Ce sont des mots d’ordre communistes libertaires relativement classiques parce qu’ils n’ont pas vieillis. C’est d’abord l’autogestion –décider ensemble quand et comment agir, tant pour les moyens que pour la forme – s’impliquer dans des luttes concrètes – que ce soit sur nos les lieux de travail, dans nos quartiers, lutter en tant que femmes, en tant que personnes issues de l’immigration et qui subissent le racisme. Cela passe également par des pratiques comme l’auto-organisation, la démocratie directe, les assemblée générales et plus généralement le fait de décider ensemble la manière et la forme dont devait prendre la lutte sociale. C’est d’ailleurs le premier sens de l’Action Directe développée par Emile Pouget (un grand anarchiste français), l’autogestion par et pour les exploités.
Par exemple nous mettons en avant que le racisme n’était pas uniquement le fait de la droite ou de l’extrême-droite. On vit dans une société qui a hérité des répertoires de pensée et des structures institutionnelles issues de la colonisation et de l’immigration de travail. C’est ce qu’on appelle le racisme structurelle qui essentialise et fantasme les populations issues de l’immigration. Le racisme est structurel et il est également reproduit par la gauche et malheureusement par la gauche révolutionnaire à travers notamment d’attitudes paternalistes ou anthropocentristes universalistes vis-à-vis notamment des musulman-e-s.
Il y a des situations de triples oppressions -de classe, de race et de genre – comme l’a montré le « black feminism » aux Etats-Unis. Les expériences des oppressions sont donc multiples et il faut pouvoir les penser en articulant ces trois dominations. Et c’est de l’intersection de ces trois dominations que nous pensons notre projet anticapitaliste. Nous refusons les erreurs racistes de la gauche elle-même. Nous ne prônons donc pas un anarchisme dogmatique, mais bien une pratique anarchiste qui se veut avant tout l’expérience révolutionnaire de la démocratie directe et de l’autogestion.
Il s’agit donc d’un combat sur tous les fronts ?
Effectivement, il s’agit d’une lutte complète. L’anticapitalisme est antiraciste, féministe, anticolonialiste et internationaliste.
De la même manière, puisque les Communistes Libertaires sont anti-autoritaires il est dans notre tradition politique de mener un combat antifasciste. Et le fascisme est justement un mode de gestion autoritaire du système capitaliste, c’est une réaction des classes dominantes face à la destruction de son propre système notamment en période de crise avec la diminution des sources de profits. Le fascisme c’est la défense du capitalisme national contre le capitalisme international. Les fascistes nous disent qu’un bon patron est un patron de la même nationalité. Nous répondons qu’il n’y a pas de bon patron, que le rôle du patron est d’exploiter les travailleurs-euses.
Il s’agit la des thèses de Daniel Guérin, grand théoricien du communisme libertaire ?
Daniel guérin a fait un travail remarquable de synthèse entre l’anarchisme et le communisme. Il est également connu pour son étude du fascisme. Dans les années 30, il est allé en Allemagne voir ce qu’était le fascisme. Il en est revenu avec une déduction très importante pour nous. Il s’agit de dire que la victoire du fascisme est avant tout due à la défaite de la gauche. C’est parce que la gauche n’a pas pu dans un moment de crise du capitalisme, s’ériger en une alternative crédible au capitalisme que le fascisme a gagné en Allemagne. A cause notamment de la social-démocratie qui fait croire aux travailleurs-euses qu’elle est une réponse au capitalisme, que l’on peut réformer le système capitaliste, le rendre moins inégalitaire. Ce qui est faux, on ne peut réformer le capitalisme et ce n’est pas souhaitable. L’essence du capitalisme c’est l’exploitation de la majorité des travailleurs-euses, on ne peut donc pas le réformer. On ne peut que le détruire.
Une des raisons de l’échec de la gauche révolutionnaire est due au fait qu’elle a emprunté le chemin du réformisme social-démocrate. On le voit assez bien aujourd’hui en Belgique où des partis prétendument révolutionnaires deviennent réformistes. Ils critiquent les banques, la finances, etc. et considèrent que par la réforme on peut aboutir au communisme. L’histoire prouve que ce chemin ne mène nulle part si ce n’est à la trahison.
Comment la gauche révolutionnaire peut-elle redevenir une alternative anticapitaliste crédible à l’heure actuelle ?
Souvent lorsque l’on parle avec les gens, on nous rétorque que nos idées sont belles mais irréalisables. Malheureusement, c’est vrai, les gens ont raison d’être sceptiques. Comment peut-on faire croire au gens que l’on est une alternative crédible si la gauche révolutionnaire s’avère incapable d’être effectivement ici et maintenant une alternative ? A nouveau l’histoire s’avère intéressante. En effet, une des forces du mouvement ouvrier dans l’histoire est d’avoir été plus qu’un simple mouvement ou parti, mais bien de proposer un modèle de contre-société, de construire ici et maintenant une idée concrète de ce que pourrait être une société communiste. Cela passe par la mise en place de solidarités concrètes comme le furent les mutualités et les coopératives, des lieux d’expérimentation politiques, une contre-culture artistique et journalistique, etc.
Il s’agit donc de mener une lutte à la fois politique et culturelle qui met en pratiques les idéaux communistes et anarchistes. Malheureusement plus aucun parti révolutionnaire ne prend la peine de le faire. Ces partis prétendument révolutionnaires (à quelques exceptions près) ne sont plus que des partis bourgeois qui se présentent aux élections. Nous pensons donc qu’il faut pouvoir articuler les luttes défensives et les luttes offensives ou constructives afin de pouvoir saper les représentations et l’organisation de la société capitaliste. Pour nous, le seul mode de représentation est le pouvoir des travailleurs-euses, du peuple et cela passe par l’auto-organisation et la présence au cœur des luttes sociales.
Qu’est ce qui t’a particulièrement marqué en tant que militant ces derniers mois ?
D’abord la lutte contre les accords de libre échange entre les Etats-Unis et l’Europe qui vise à libéraliser encore plus l’économie et qui précarise les travailleurs-euses. C’est une lutte importante à plusieurs égards. D’une part, elle fait converger de nombreuses luttes. Travailleurs-euses, agrictulteurs-trices, jeunes, chômeurs, etc. C’est pour nous très important d’unifier nos luttes. Malgré les bureaucrates syndicaux, la tentative de blocage du sommet européen en décembre 2013 fut une relative victoire tant en terme de nombre qu’en terme de méthodes. Il faut maintenant pouvoir unifier les mouvements sociaux européens dans ce combat.
Un autre moment marquant fut les mobilisations antifascistes en mai dernier où l’on a pu allier antifascisme radical avec le blocage du meeting du Vlaams Belang (ou l’on a repoussé une attaque d’un groupe fasciste) et quelques semaines après une manifestation regroupant plus de 3000 personnes contre la présence de Marine Lepen à Bruxelles.
Ces deux moments nous ont prouvé que l’on pouvait allier mouvement de masse et actions radicales.
Comment envisages-tu les luttes pour les prochains mois ?
On n’a plus vu un gouvernement fédéral aussi à droite depuis Martens-Gol dans les années 80. Et encore, le gouvernement actuel est sans doute plus à droite avec la présence de la NV-A et de ministres proches de l’extrême-droite. On sait que ce gouvernement néolibéral va s’attaquer durement aux acquis sociaux des travailleurs-euses. Pensions, allocations d’insertion, criminalisation des travailleurs-euses sans-papiers, etc. L’accord de gouvernement montre clairement que ce gouvernement va prendre des mesures entièrement en faveurs des intérêts des patrons et appauvrir toujours plus les travailleurs-euses. Avec un gouvernement néo-conservateur et sécuritaire, la criminalisation de la résistance sociale risque d’être durcie comme dans d’autres pays. Il sera donc important de participer à l’élaboration de fronts anticapitalistes mais également soutenir les initiatives syndicales en opposition par rapport aux directions syndicales.
Profitant de ce climat explosif, le PS va sans doute essayer de se refaire une popularité électorale. Le PS va tenter de se positionner comme l’unique opposition de gauche. Mais les mouvements sociaux ne doivent pas tomber dans ce piège qui profiterait au PS. Le PS porte une immense responsabilité dans la victoire de la droite. Ces dernières décennies, le PS a participé, que se soit aux régions ou au fédéral, à la destruction des acquis sociaux tout en menant des politiques favorables aux capitalistes et non aux travailleurs-euses. De cette manière, il a ouvert un boulevard à la droite. C’est un élément qu’il ne faut pas oublier dans les futures luttes sociale, le PS même dans l’opposition, n’est plus du coté des travailleurs-euses.
Dans les syndicats, on réfléchi pour le moment à la stratégie à adopter face au gouvernement de droite. La tentation sera grande de faire alliance avec le PS. Or quelque soit le gouvernement au pouvoir, ce qu’il faut c’est que les syndicats redeviennent une puissance sociale indépendante, capable d’imposer par le rapport de force un programme politique et économique revendicatif.
Parmi les syndicalistes de base et les délégués, nombreux sont ceux et celles qui sont mécontent de la ligne politique adoptée par les directions syndicales, mais il faut se faire entendre, sortir du silence et s’organiser pour lutter à l’intérieur des syndicats. C’est déjà ce que certains essayent de faire. Mais il ne faut pas oublier, le PS n’est en aucun cas un allié, ni pour les syndicats, ni pour les mouvements sociaux.
Pour clôturer cette longue interview, aurais-tu quelques livres à conseiller pour les personnes qui se retrouve dans ce que tu viens de dire ?
Un bon ouvrage d’introduction au Communisme Libertaire reste « L’anarchisme » de Daniel Guérin. Je peux également citer « La révolution fut une belle aventure » de Paul Mattick, l’ « Abrégé du Capital » de Carlo Cafiero, « L’action directe » et d’autres écrits d’Emile Pouget. Sur le rapport entre le racisme et le féminisme, « Classer, dominer, Qui sont les « autres » ? » de Christine Delphy et « Black feminism. Anthologie du féminisme africain-américain » d’Elsa Dorlin. Et enfin « Hommage à la catalogne » récit de la guerre d’Espagne par George Orwell.