1. Organisation révolutionnaire et travail de masse

L’organisation révolutionnaire contribue au développement théorique et pratique de la lutte révolutionnaire. L’organisation révolutionnaire participe et cherche à élargir et à généraliser le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière. Elle s’efforce de conserver une mémoire historique de ses succès et de ses échecs afin de renforcer les mouvements de libération des masses. Elle participe aux mouvements de masse en tant qu’égale dans la lutte. L’organisation révolutionnaire est un outil pour les membres actifs/ves et les militant-e-s de la classe. Elle ne cherche jamais à dominer, imposer, manipuler, commander ou contrôler des mouvements de masse en reconnaissant la nécessité du pluralisme révolutionnaire et que les mouvements (et non l’organisation révolutionnaire elle-même) sont les agents révolutionnaires de la transformation sociale.

L’organisation révolutionnaire s’organise au sein des mouvements de masse afin de renforcer leur pouvoir, en œuvrant toujours au développement d’une conscience de classe autonome, de ses capacités d’action et de la solidarité. La participation à la lutte de masse renforce la capacité de l’organisation révolutionnaire et des mouvements de masse à agir directement et à modifier les relations de pouvoir. Cela permet tant à l’organisation qu’aux mouvements de masse, de faire l’expérience du pouvoir collectif par la lutte. L’organisation révolutionnaire propose des solutions collectives aux problèmes quotidiens, qu’il s’agisse d’affronter directement nos oppresseurs ou de construire des institutions alternatives contre le capitalisme et l’État.

L’organisation révolutionnaire agit dans le but de construire une base sociale pour des approches anti-autoritaires de la transformation sociale enracinées dans les luttes de la classe ouvrière et des peuples opprimés. L’organisation révolutionnaire travaille au sein des luttes de masse pour lutter contre l’isolement, partager des ressources, développer des réseaux d’entraide et relier différentes luttes. Elle travaille au sein des mouvements de base et des organisations de masse. Elle s’efforce de contrecarrer les tendances autoritaires, bureaucratiques et réformistes en préconisant des formes d’organisation horizontales, directement démocratiques et révolutionnaires au sein des mouvements de masse.

L’organisation révolutionnaire, dans son travail de mouvement, crée des relations positives avec d’autres militant-e-s et organisations sympathisantes. Elle évite la condamnation publique de groupes sympathisants qui utilisent des tactiques différentes. De cette manière, elle peut développer une périphérie active de soutiens et d’allié-e-s qui se trouvent en accord avec certains aspects de son travail et de ses idées.

2. Organisation révolutionnaire et travail politique

A. Développement interne et éducation

L’organisation révolutionnaire forme ses membres à travers l’éducation et la formation tant au niveau des compétences organisationnelles que du point de vue de la théorie. Elle s’efforce de donner à ses membres les moyens de créer et de renforcer des mouvements. L’organisation révolutionnaire est une école d’apprentissage et d’enseignement des outils du changement social le plus largement possible.

L’organisation révolutionnaire crée un espace pour former de nouveaux-elles révolutionnaires conscient-e-s. C’est un espace de dialogue et de discussion permettant de construire en permanence une analyse partagée et le développement de ses membres, sympathisant-e-s et camarades issus de luttes. C’est un espace où les membres peuvent apprendre des autres avec des expériences différentes.

L’organisation révolutionnaire effectue ce travail afin de développer la confiance en soi, les connaissances, les compétences et les opportunités pour mettre en pratique ces méthodes dans les mouvements sociaux. Pour l’organisation révolutionnaire, l’acquisition de compétences est un objectif permanent. L’organisation révolutionnaire est une organisation d’égal à égal et non pas un groupe de leaders-euses et d’adeptes. Elle s’efforce donc toujours de développer les capacités de ses membres en matière de lutte.

B. Education populaire et propagande

L’organisation révolutionnaire produit une propagande anti-autoritaire et éducative. Pour ce faire, elle crée des médias qui communiquent les points de vue et les perspectives politiques de l’organisation. Elle fait la promotion de ses points de vue tant sur papier que sur Internet, par le biais d’événements et d’actions publics. L’organisation révolutionnaire s’efforce de créer une présence visible pour ses idées, ses méthodes et ses tactiques afin de populariser une culture révolutionnaire.

La culture révolutionnaire que l’organisation s’efforce de promouvoir est celle de la combativité populaire, de la créativité, de la solidarité, de l’aide mutuelle, de l’antiracisme, de l’internationalisme, de l’antipatriarcat, de l’anti-capitaliste et de l’anti-étatisme. Pour ce faire, elle élabore du matériel d’agitation et d’éducation qui transmet ces idées. Ces matériaux doivent être conçus de manière à être accessible à diverses couches de la population quel que soit leur niveau d’étude. Ce matériel doit véhiculer des idées complexes de manière claire et explicite. Accent doit être mis sur les affiches, les vidéos, les œuvres d’art, les graffitis, les conférences, le tout en rapport avec des documents plus longs, des magazines et des livres. Pour ce faire, l’organisation révolutionnaire organise également des activités sociales et culturelles qui reflètent largement les concepts et la pratique de l’organisation révolutionnaire et de ses membres.

3. Principes d’organisationnelles de l’organisation révolutionnaire

A. Cohérence stratégique et théorique

L’organisation révolutionnaire repose sur la cohérence stratégique et théorique. Une perspective et une orientation politiques clairement définies et partagées. Elle défend une vision commune pour guider les activités conjointes et la coopération entre ses membres. Elle travaille toujours à clarifier notre rôle. Elle s’efforce de fournir un espace et de promouvoir une culture de discussion, d’analyse et de débat afin de théoriser et de synthétiser des idées sur la manière de faire face au capitalisme, à l’État et à toutes les autres oppressions.

L’organisation révolutionnaire s’intéresse au moment historique actuel pour développer sa pensée en réfléchissant à sa participation aux luttes sociales de son époque. De cette façon, la théorie et la stratégie sont directement inspirées de la pratique des luttes. Elle développe des objectifs communs et coordonne les efforts des membres pour les atteindre. Elle élabore des approches tactiques pour atteindre les objectifs stratégiques, tout en maintenant une flexibilité tactique facilitant l’adaptation de ces objectifs à la situation régionale et locale. L’organisation révolutionnaire passe en revue ses succès et ses échecs et tente d’en tirer des enseignements. Plus important encore, elle est soucieuse des besoins réels et des tâches de l’organisation quotidienne. La stratégie et la théorie révolutionnaires sont tirées de l’expérience du travaille direct au sein des mouvements de masse.

B. Culture organisationnelle de la responsabilité et de la démocratie directe

Les principes organisationnels de l’organisation révolutionnaire renforcent son efficacité dans le développement de nos idées et de nos stratégies au sein des mouvements de masse. L’organisation révolutionnaire est un outil pour nos membres et sympathisant-e-s au sein des mouvements de masse. Pour ce faire, l’organisation révolutionnaire doit avoir une culture organisationnelle de responsabilité et de démocratie directe. Elle pratique cela en interne en fonctionnant comme une démocratie directe. Au lieu de la représentation, l’organisation fonctionne par délégation. Les délégué-e-s et les responsables sont mandaté-e-s et immédiatement révocables par les membres.

L’organisation révolutionnaire est également un foyer politique pour les révolutionnaires. Un endroit où ses membres se sentent soutenu-e-s et en sécurité. L’organisation révolutionnaire s’efforce de créer une culture organisationnelle interne fondée sur le respect, un comportement fondé sur des principes et la responsabilité mutuelle, qui combat toutes les formes de domination et d’oppression. Pour ce faire, elle s’attaque activement à toutes les formes d’oppression en notre sein, dans nos relations et dans nos organisations. Cette responsabilité de maintenir une culture organisationnelle de responsabilité incombe à l’ensemble des membres. Il existe une responsabilité collective par rapport aux actions des autres membres. Pour ce faire, les membres définissent des directives claires pour résoudre de manière proactive les problèmes avant qu’ils ne surviennent.

Traduction du texte « Role of the Revolutionary Organization » publié par Black Rose/Rosa Negra Anarchist Federation (USA)