Utiliser le mot « race » ?

Par MignonChatonMarxiste

tumblr_oh5cn4bnyp1v9zuduo1_1280Une polémique [1] a récemment agité le milieu libertaire français concernant l’utilisation des termes race, racialisation, racisés etc. certains dénonçant une essentialisation du débat sur le racisme, essentialisation qui relèverait elle-même du racisme. Selon ce point de vue, reprendre ces termes serait contribuer à propager la grille de lecture raciste.

Dans un premier temps il semble que, tel quel, cet argument est absurde : il n’est pas question de reprendre ces termes pour les valider mais pour les étudier afin d’en révéler l’aspect socialement et historiquement construit, et d’en proposer une définition critique qui révèle cet aspect construit.

Cet argument est donc à peu près aussi absurde que si on affirmait que parler de prolétariat pour critiquer l’exploitation reviendrait en fait à contribuer idéologiquement au capitalisme en acceptant de nous reconnaître comme des prolétaires. Ou encore qu’il ne faudrait pas utiliser le mot racisme parce que ce terme contient le mot race, donc valide le racisme. Il ne s’agit pas d’une question de mot mais d’analyse à laquelle ce mot renvoie et dans le contexte de laquelle il est employé.

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Intersectionnalité : Qu’est-ce que le féminisme décolonial ?

Hourya (AL Tarn)

photographing-the-human-faces-of-protest-movements-1476390113Les « femmes » ne forment pas une classe homogène. Au sein des femmes il existe des expériences vécues différentes de la domination selon que l’on soit blanche ou racisée. Le féminisme décolonial entend prendre en compte la spécificité de l’oppression des femmes racisées dans leur lutte.

La postcolonialité désigne la manière dont les anciennes sociétés coloniales ont été façonnées par l’esclavage, la colonisation et les discriminations raciales. Par extension, elle renvoie aux discours et pratiques qui organisent la continuité sous d’autres formes d’une telle structuration sociale, une fois abolies l’exploitation et la ségrégation officielles.

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Syrie : Au cœur de la mêlée impérialiste

Par Guillaume Davranche (AL Montreuil)

 

La guerre civile syrienne est devenue, pour bonne part, le thé­âtre d’un affrontement indirect entre puissances étrangères. Russie, États-Unis, Iran, Turquie, France, pétromonarchies… Qui veut quoi  ? Et le Rojava dans tout ça  ? Essai de décryptage et hypothèses.

Pour la troisième fois cette année, la Syrie a vu l’échec, en septembre, d’une tentative de trêve parrainée par la Russie et les États-Unis. ­Échec principalement dû à la multiplication, au sein de la guerre civile, de forces armées aux objectifs contradictoires, aux alliances mouvantes, aux parrainages incertains. Difficile de faire respecter un cessez-le-feu dans ces conditions. Plus que jamais cependant, Moscou et Washington apparaissent comme le duo sans qui rien ne pourra se faire en Syrie. Au grand ­agacement des autres puissances ingérentes – Iran, France, Turquie, Arabie saoudite… – tenues à distance des conciliabules russo-américains, ou conviées à d’inutiles conférences multilatérales, comme celle de Lausanne le 15 octobre [1].

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C’est essentiellement du fait des interventions étrangères que la révolution de 2011 a dégénéré, courant 2012, en guerre civile. Dans cette mêlée des impéria­lismes, chacun poursuit des objectifs, fait des paris, teste ses partenaires et concurrents… Et pendant ce temps, la population civile, otage de ce jeu cruel, fuit par milliers.

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17 Octobre 1961 : L’État français noie la protestation populaire dans le sang

Franz B., pour la commission antiracisme d’AL

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Le 17 octobre 1961, près de 20.000 Algériennes et Algériens travaillant en région parisienne manifestent pacifiquement contre le couvre-feu que la préfecture de police veut leur imposer. La violence policière se déchaîne contre des hommes, des femmes et des enfants désarmés. Aujourd’hui encore, la clôture des archives empêche que toute la vérité soit connue sur ce massacre légal.

« Le plus grand massacre d’ouvriers depuis la semaine sanglante de la Commune de Paris de mai 1871. » Voilà comment l’historien Gilles Manceron décrit la vague meurtrière déclenchée en octobre 1961 par la police française sur ordre de son préfet, l’ancien fonctionnaire vichyste Maurice Papon.

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Interview du rappeur VII : « Le bon rap est en voie d’extinction »

Propos recueillis par Nicolas (AL Moselle)

Il a débuté le rap il y a vingt ans mais peu de monde le connaît encore. Le rappeur VII a créé son univers mais développe également une dimension sociale et politique. Rencontre avec ce personnage atypique qui sort son huitième album le 1er octobre.

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Peux-tu nous exposer ton parcours ? Comment en es-tu venu à ce style définitivement « à part » dans le rap français ?

J’ai commencé le rap en 1995 à Bayonne. Avec un ami on a monté notre groupe, on s’enregistrait avec les moyens du bord. En 2002, nous avons quitté le Pays basque pour nous consacrer à la musique et on a atterri à Bordeaux. En 2005, on a monté notre label indépendant avec des artistes du coin puis j’ai sorti mon premier album solo en 2007… Je suis aujourd’hui sur le point de sortir le huitième. J’ai aussi travaillé sur pas mal de projets en parallèle. Depuis le départ j’ai toujours voulu avoir ce style différent, plus imaginatif et loin des stéréotypes du milieu du rap. J’ai toujours aimé sortir des sentiers battus.

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