Cuervo (AL Marseille)

Avant même l’ouverture d’un nouveau local d’extrême droite à Marseille, les fafs de tout poil menacent et passent à l’acte. Serrons les rangs.

Prononcer le mot « Bastion » fait immanquablement penser à la « forteresse Europe », chère à Hitler. Un bastion, soi-disant social, où se remparent les frilosités identitaires, les peurs petites-bourgeoises de l’autre, où il ne sort que haine, ratonnades, et appels au meurtre. Alternative libertaire a déjà dénoncé les violences contre militants, lieux de culture, ou homosexuels passés à tabac dont le Bastion social de Lyon s’est rendu coupable…

Le phénix hideux du GUD, allié à ce que l’extrême droite compte de plus illuminé (royalistes), de plus réactionnaire (PNF et autres identitaires), n’en finit pas de renaître de ses cendres, et fait des petits à Aix, à Marseille.

Sur le modèle de la Casapound italienne, invoquant des valeurs d’autonomie, d’identité, de « justice sociale » – mais pour les « Français de souche » uniquement – ou se disant, comme à Chambéry « social, national, radical », les Bastions continuent de s’implanter dans plusieurs villes, avec peu de réactions de la part des « pouvoirs publics ».

À Aix, les fascistes sont installés depuis deux mois, des rassemblements ont réuni leur centaine de militants. Mais dans une ville qui autorise les descentes au flambeau dans l’artère historique, au son de chants patriotiques, et au nom d’une prétendue « fierté aixoise », ça ne change évidemment pas grand-chose. Et les discours offusqués de la LDH, flanquée du PCF, appelant l’État républicain à prendre ses responsabilités, n’inquiéteront jamais les fachos.

Le 24 mars, le mouvement social marseillais a manifesté contre l’implantation d’un nouveau BS. Un tractage de l’Action française avait déjà fait un premier blessé. Soutenus par Steven Bissuel, ex-dirigeant du GUD en l’absence de Logan Djian purgeant une peine de prison pour violences aggravées, l’AF voulait que les antifas « sachent qu’on se défend très bien ». Une police sur les dents, interdisant les abords du local de BS aux manifestants, et des fafs en faction formaient la toile de fond de la manif, à l’appel de Visa (vigilance et initiative syndicale et antifasciste) et regroupant quelques 29 organisations politiques et syndicales.

Les fachos hors de nos quartiers

Cette manifestation unitaire, contrairement à celle d’Aix, ne demandait rien à l’État ou à un hypothétique sens des responsabilités républicain, dont nous savons qu’il n’est jamais invoqué que pour entériner des décisions injustes et antisociales. Le mot d’ordre était de sortir les fachos de nos quartiers par nos propres moyens, depuis le quartier, sur les marchés, dans la rue, sans rien attendre d’une mairie affairiste, de droite, et qui compte 2 élus FN.

La manifestation marseillaise avait été précédée d’un tractage dans les quartiers traversés, pour sensibiliser la population à prendre en main les moyens de se débarrasser de cette gangrène.

Car une fois ancré à Strasbourg, Chambéry, Lyon, Marseille… le Bastion social sera banalisé et son discours confusionniste pseudo-social fera apparaître ses thèses racistes, et ses conclusions ultraviolentes comme des alternatives viables, auxquelles des Wauquiez et autres Dupont-Aignan sauront faire écho, sur le ton de l’évidence. À Marseille comme ailleurs, notre vocation libertaire est de soutenir les quartiers d’immigration, ouvriers, relégués, contre la bête immonde, de faire œuvre d’éducation populaire. Encore et toujours. Jusqu’à l’autodéfense populaire.

AL, Le Mensuel, avril 2018