Par Guillaume (AL Paris Nord-Est) et Gabriel (SUD EP)
Au vu de la situation sociale, sans cesse déclinante, des étudiant.es en Europe et de par le monde, certains syndicats étudiant défendent des mécanismes financiers permettant aux étudiants de suivre leur formation plutôt que de trimer pour subsister.
La hausse des frais d’inscription à l’Université , pour les étudiants et les étudiantes qui ne sont pas issues de l’Union européenne, a suscité des débats forts, tant sur les plateaux de télévision que dans les assemblées générales au sein des différentes Universités.
Ces échanges ne furent qu’une répétition d’un vieil antagonisme entre deux conceptions des études supérieures. La première, celle qui les voit comme un investissement, justifie l’idée qu’il faut acheter des « compétences » pour obtenir ensuite un meilleur salaire lorsqu’on se mettra réellement au travail. Il est donc normal que les frais d’inscriptions soient élevés et que l’étudiant.e s’endette pour financer ses études.
La seconde conception considère les études supérieures comme un droit. Il s’agit d’assurer à chaque personne la possibilité de se rendre à l’Université si elle le souhaite, puis de faire en sorte qu’elle puisse y étudier dans les meilleures conditions possibles. Il en découle logiquement des revendications comme la gratuité des études ou la mise en place de mécanismes financiers permettant aux étudiant.es de se concentrer sur leur formation sans devoir trimer en parallèle. Le salaire étudiant, qui est défendu en France par Solidaires étudiant.es et en Belgique par l’Union Syndicale Etudiante, est la forme la plus radicale de ce genre de mécanismes.
Cette revendication vise l’attribution d’un salaire à chaque étudiant et à chaque étudiante, prenant effet dès la fin de la scolarité obligatoire, et leur permettant de poursuivre leurs formations en toute autonomie, sans la tutelle parentale, étatique ou privée. La formation n’étant pas un investissement passif dans l’avenir, mais une contribution positive à la production sociale, il s’agit donc de la rémunérer.
À l’écoute des initiatives
C’est dans le cadre des discussions entamées dernièrement, que les trois grands syndicats étudiants du Réseau européen des syndicats alternatifs et de base – Resab [1] ont fait un appel commun [2], invitant toutes les organisations et collectifs intéressés par cette revendication à en discuter, dans le cadre d’une assemblée européenne.
Une riposte, unifiant tous les travailleurs et travailleuses en formation sur des bases combatives, devient de plus en plus nécessaire. Non seulement pour protéger les droits acquis, mais pour en conquérir d’autres, et pour briser les logiques de précarisation et de reproduction sociale qui règnent dans la formation.
Cet appel international constitue un signe encourageant pour toutes celles et ceux qui considèrent que le syndicalisme étudiant ne doit pas cantonner son action aux luttes quotidiennes, mais qu’il doit également se fixer d’ambitieux objectifs de transformation sociale. Quelle que puisse être notre opinion sur cette idée de salaire étudiant, il nous faut donc rester à l’écoute de toute initiative de ce type.