Plaidoyer pour la fin des réunions longues, chiantes et bordéliques

Cet article a été écrit et publié pour Syndicalistes dans le cadre des milieux militants et syndicaux. Nous l’aimions tellement que nous le rediffusons ici.

Aussi appelées « trous noirs », les réunions qui durent des plombes, et n’aboutissent à rien de concret donnent la rage à la plupart des militanx. Elles provoquent des drames inter-personnels aussi bien qu’organisationnels et nous épuisent – dans les mouvements sociaux autant que dans les fonctionnements quotidiens de collectifs et syndicats.

Ce plaidoyer a été écrit par deux militanx souvent en charge de l’organisation et l’animation des réunions. Il est un poil cynique mais au fond radicalement plein d’espoir envers nos camarades, pour que cesse les trous noirs des réunions.

1) Les genx doivent arriver à l’heure. S’ils n’arrivent pas à l’heure ils n’ont pas le droit d’apparaître en route et d’intervenir sous la modalité « Peut être que ça a déjà été discuté mais… ».

BONUS :

  • On peut prévoir un « temps d’accueil un peu flou » de 10 minutes. Au delà, les premiers arrivéx (à l’heure) commencent à se faire chier,
  • une personne a pour rôle d’accueillir les retardataires pour faire un récapitulatif de ce qui a déjà été dit, et des discussions en cours, comme ça personne n’est perdu et les personnes qui ont une bonne raison d’être en retard rattrapent,
  • certaines réunions ouvertes ont pour but la prise de contact, des personnes peuvent arriver en retard,
  • certaines réunions sont purement des réunions de travail, les personnes doivent être entièrement présentes. Si elles ont des mandats par exemple, elles doivent être là ou excusées, mais pas être là à moitié.

2) Les considérations pratiques et concrètes passent toujours avant les discussions générales et théoriques.

3) Chaque réunion est structurée par un ordre du jour. Il est communiqué à l’avance par les organisateurices de la réunion. Les points sont estimés en termes de temps de façon réaliste.

BONUS :

  • Dans l’idéal – on peut toujours rêver – tout le monde a regardé l’ordre du jour avant avant la réunion, a pris connaissance des documents afférents, s’est assuréx d’avoir accompli ses mandats concernant chacun d’eux.
  • L’ordre du jour est ajustable en début de réunion (en prenant soin de rester réaliste et de respecter la règle d’or : pratique avant théorique).

4) Une ou deux personnes sont chargées de faire avancer l’ordre du jour. À chaque fin de point, unx des animateurices de la réunion récapitule la décision.

BONUS : toutes les décisions sont fidèlement reproduites dans le compte rendu, avec un résumé des arguments qui ont menés à cette décision. Dans l’idéal, les personnes absentes s’informent sur ces décisions avant la prochaine réunion.

5). À chaque point, on fait la liste des tâches à accomplir, et une personne s’assure que chaque tâche est attribuée à quelqu’un-e.

BONUS : dans l’idéal, ce ne sont pas toujours les mêmes personnes qui font tous les trucs. Si vous avez tendance à récupérer tous les trucs à faire, dont des tâches liées aux idées des autres personnes – qui ont parfois beaucoup d’idées – rappelez vous que vous n’êtes pas une « poubelle à trucs à faire », mais unE militantE précieuse qui a le droit de s’auto-respecter.

6) Toute idée ou proposition doit être faite par des genx prêx à la mettre en oeuvre ou qui ont déjà estimé le nombre de personnes prêtes à la mettre en oeuvre. Les expressions « y’a qu’à » / « faut qu’on » sont prohibées.

7) Il n’y aura plus de prise de parole générale sur des choses dont toutes les personnes en présence sont déjà convaincues. C’est à dire presque toutes les prises de parole commençant par « Macron bla bla bla… » ou contenant plus d’une fois « anticapitaliste » et « intersectionnel », en fonction des endroits.

8) La réunion est limitée dans le temps pour le bien de tout le monde. Basé sur une étude sérieuse, il est établi que plus la réunion est longue, moins elle est efficace, et moins il reste de personnes à la fin pour prendre les décisions nécessaires et prendre les tâches à faire. Si tu veux parler et t’entendre parler plus longuement, tu peux créer ton vlog.

9). Le/la militantE syndicalE conséquentE met en place les moyens nécessaires à l’abolition du communiqué. Selon une étude très sérieuse, il est établi que plus le temps passé à faire des communiqués est important, plus le temps passé à faire des vrais trucs diminue.

Pour des réunions courtes, enthousiasmantes et qui font avancer !

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