Avec la concurrence entre laboratoires, l’approvisionnement très sélectif et l’enlisement de la campagne de vaccination, l’attention se porte sur la question de la propriété privée des connaissances médicales nécessaires à la production des vaccins. Le capitalisme interdit une mise en commun plus rationnelle des savoirs. C’est pourtant une nécessité.

La crise du SARS-COV2 a mis en évidence les contradictions de l’industrie pharmaceutique. Derrière des profits faramineux [1], ce sont de véritables machines financières pilotées par l’avidité sans fin de leurs actionnaires qui s’enrichissent sur les maladies. Les vaccins sont une véritable manne pour les labos qui les protègent de la concurrence par de multiples brevets. D’après eux, ce serait le seul moyen de rentabiliser le coût de la recherche.

Cette logique capitaliste, qui voudrait que la recherche et le développement ne soient motivées que par l’appât du gain et la rentabilité, s’applique au détriment de la santé de toutes et tous. Elle rend les traitements et vaccins difficilement accessibles au plus grand nombre au point de provoquer des pénuries et d’aggraver une crise sanitaire déjà catastrophique.

L’innovation contre le progrès

Les médias bourgeois ont glorifié la recherche privée à l’annonce des premiers vaccins contre le SARS-COV2. En effet, la rapidité avec laquelle ils ont été produits, testés et mis sur le marché est sans égale dans l’histoire de la pharmaceutique. Mais ce qu’ils oublient de préciser c’est que cette innovation n’aurait pas été possible sans les sommes colossales injectées par les États [2] ni la recherche fondamentale publique et ouverte.

L’innovation n’est qu’un prétexte. Elle sert à légitimer un système financier qui, une fois totalement dérégulé comme aux États-Unis d’Amérique, provoque des ravages dans la population  [3]. La recherche publique n’a fait que perdre en budgets, en postes et la logique concurrentielle et de rentabilité s’est imposée partout. Ce modèle tend à ne focaliser que sur ce qui est profitable à court terme, laissant de côté la recherche plus fondamentale qui ne produit pas toujours des résultats directement utilisables.

Réquisition, socialisation

Et les conditions de travail pour les salarié·es des labos sont déplorables  : chantage à l’emploi, délocalisations… Sanofi est un exemple de cette rapacité. Malgré la crise sanitaire et la pénurie de vaccins, l’entreprise continue de supprimer des emplois ! [4]

En France, les organisations du mouvement social et syndical se sont mobilisées pour demander la fin de ce système de privatisation qui ne profitent qu’aux actionnaires des labos (voir ci-dessous). Cette pétition est un premier pas vers une réelle prise en compte de l’urgence sanitaire actuelle. Au-delà de ces mesures, c’est tout le système de production pharmaceutique qu’il faut repenser en partant de la base. Les usines doivent être réquisitionnées et socialisées sous le contrôle des travailleuses et travailleurs afin d’en finir avec la concurrence féroce qui légitime les délocalisations et la détérioration des conditions de travail. L’investissement massif dans une recherche fondamentale publique et ouverte, décorrélée de la rentabilité et du profit, permettra de préparer les futurs vaccins et médicaments en les laissant libres de droits pour que les populations les plus précaires puissent en bénéficier sans condition de revenus.

L’ensemble des besoins doivent être clairement identifiés, au moyen de conseils composés de professionnel·les et d’usagers et usagères de la pharmaceutique, afin d’orienter et d’organiser la production pour les couvrir au mieux. Abandonnons la logique du profit et de la rentabilité, faisons de la santé de toutes et tous une priorité pour vivre mieux, en bonne santé et nous réapproprier collectivement le fruit de la recherche et de la production pharmaceutique !

Aiphix (UCL Toulouse et alentours)

Mensuel Alternative Libertaire, avril 2021